Skip to main content

CHRONIQUES DE MGR BERTHELET

MESSAGE DE VOTRE PASTEUR AU DÉBUT DE L’ANNÉE PASTORALE

Chers paroissiennes et paroissiens,

Voilà presque deux mois que je suis avec vous et j’ai eu l’occasion d’aller dans chacune des paroisses de l’Unité pastorale et dans la plupart des maisons confiées aux soins pastoraux de notre équipe pastorale. Je suis touché par le dynamisme et toutes les collaborations apportées dans les paroisses de notre Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville.

Notre équipe pastorale s’est déjà réunie toute une journée au début d’août. Dans la foulée de l’Exhortation du Pape François La joie de l’Évangile, de la lettre des Évêques catholiques du Québec sur Le tournant missionnaire des communautés chrétiennes et des priorités mises de l’avant par notre Évêque pour l’année 2016-2017, nous allons tout mettre en œuvre, dans nos cinq paroisses, pour développer une pastorale baptismale qui ne s’arrête pas à la simple célébration du baptême mais qui tient compte de la préparation au baptême et de la pastorale post-baptismale; nous allons nous engager dans une catéchèse intergénérationnelle qui intègre non seulement les enfants ou adolescents mais aussi les parents, les marraines et parrains et, idéalement, la famille et des membres de la communauté chrétienne; nous aurons une attention particulière en vue d’établir le contact avec les jeunes et les inviter à faire partie des pèlerins qui se prépareront aux prochaines Journées Mondiales de la Jeunesse qui aura lieu à Panama en 2019 en étant des membres actifs de nos communautés chrétiennes.

Pour cela, nous voulons nous rendre plus disponibles et solliciter tous les baptisés à devenir des disciples missionnaires du Christ en Église au cœur du monde.

Priez pour nous. Nous vous assurons de notre prière et de notre service.

+ Jacques Berthelet, C.S.V.,
Modérateur des cinq paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville

UN PROJET DE CATÉCHÈSE COMMUNAUTAIRE ET INTERGÉNÉRATIONNEL INCLUSIF

Dans le message que je vous ai adressé la semaine dernière, je vous ai présenté brièvement ce qu’impliquait «le tournant missionnaire des communautés chrétiennes». Un exemple vous a été fourni dans l’article qui portait sur la nouvelle façon de mettre en oeuvre la pastorale baptismale. Je veux aujourd’hui vous faire part d’un projet diocésain majeur qui est celui de la catéchèse communautaire et intergénérationnelle.

Au cours des dernières années, nous parlions de la catéchèse de toute la communauté, mais ce projet ne s’est pas vraiment réalisé. Le projet actuel veut intégrer les différentes pastorales qui sont le plus souvent indépendantes les unes des autres : pastorale baptismale, pastorale de l’initiation chrétienne, pastorale des ados, pastorale du mariage, pastorale des catéchumènes, et on pourrait en ajouter, pastorale des aînés, des endeuillés, pastorale sociale, pastorale liturgique. Une pastorale ainsi fragmentée ne construit pas la communauté. Le modèle de toute catéchèse devrait être le catéchuménat des adultes. Or, malgré des efforts réels pour y arriver, la catéchèse a été centrée sur les enfants et les adolescents sans que les parents, la famille, la communauté chrétienne soient les premiers acteurs de cette catéchèse.

Un document diocésain (La joie de l’Évangile partagé) trace les lignes directrices de ce projet et permet une intégration de chacune des pastorales (baptismale, catéchétique, etc.) dans des rassemblements intergénérationnels incluant les diverses démarches par lesquelles se construit la communauté en même temps que la foi chrétienne des personnes.

Nous ne pourrons entrer dans ce projet et le mener à bien qu’avec l’aide de beaucoup de bénévoles et, à moyen terme, en comptant sur une nouvelle génération d’agentes et d’agents de pastorale bien formés de même que sur une nouvelle génération de prêtres ayant une formation théologique et presbytérale de grande qualité et appuyée sur une formation humaine solide.

Le défi est grand. Les ouvrières et les ouvriers sont peu nombreux. Il nous faut nous mettre en marche dès cet automne. Notre Évêque, qui s’y connait dans la marche, nous y invite: «Entrons dans cette nouveauté pour vivre ensemble une conversion pastorale. En risquant de partir sans bâton ni sac, l’avenir s’ouvrira et nous accueillera dans sa maison. Car l’avenir est en ces innombrables baptisés que nous côtoyons dans nos engagements pastoraux usuels. En leur faisant prendre conscience que leur baptême les a faits disciples-missionnaires, avec nous, ils partageront la joie de porter la Parole au monde».

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville

NOUVEAUX LECTIONNAIRES

En cette fin de semaine, partout dans les paroisses catholiques, nous introduisons un nouveau lectionnaire du dimanche, en même temps que nous présentons le nouveau lectionnaire de semaine et un autre qu’on appelle le sanctoral qui est le lectionnaire utilisé pour les fêtes des saints et pour les messes rituelles.

Pourquoi ces nouveaux lectionnaires? Les derniers dataient d’une cinquantaine d’années et certains étaient assez usés, mais ce n’est pas la raison pour laquelle on les change. La raison de ce changement vient de ce que l’on a fait une traduction complète de la Bible en vue de la liturgie : il s’agissait non seulement d’une traduction plus fidèle à l’original rendue possible par des études exégétiques, mais une traduction plus lisible à haute voix, ce qui a été vérifié dans toute la francophonie catholique.

Plus fondamentalement encore, ces nouveaux lectionnaires attirent notre attention sur l’importance, la primauté de la Parole de Dieu. La religion chrétienne n’est pas une religion du livre, mais de la Parole. Mais cette Parole est aussi écrite. Et la primauté de la Parole exige que nous ayons du respect pour le Livre de la Parole. C’est cela que nous manifestons quand nous portons le Lectionnaire dans la procession d’entrée, quand le lecteur de l’Évangile le porte en procession pendant le chant de l’Alléluia, quand nous encensons le Livre.

Un nouvel Évangéliaire sera bientôt publié, mais celui dont nous disposons actuellement n’offre pas la nouvelle traduction de la Bible. Il ne sera donc plus utilisé dans nos liturgies.

Je profite de l’occasion pour vous informer que la traduction du nouveau Missel romain progresse et que le Nouveau Missel romain en langue française devrait être disponible pour le premier dimanche de l’Avent 2017, donc l’an prochain. Ce sera l’occasion de nous préparer à l’accueillir par une étude attentive de «La présentation générale du Missel romain».

+Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des cinq paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville

LA SAUVEGARDE DE LA CRÉATION

«Usons de miséricorde envers notre maison commune (la terre)»

Le 1er septembre dernier, deuxième journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la création, le pape François émettait un message important. On peut toujours lire le texte complet de ce message (6 pages) à l’adresse suivante : www.vatican.va (rubrique «messages). En voici un résumé.

Le pape François introduit son message en rappelant que c’est avec les frères et les soeurs Orthodoxes et avec l’adhésion d’autres Églises et Communautés chrétiennes que l’Église catholique célèbre cette journée de prière pour la sauvegarde de la création. Elle est une opportunité de renouveler notre vocation de gardiens de la création, de rendre grâce à Dieu pour l’oeuvre merveilleuse qu’il nous a confiée et d’invoquer sa miséricorde pour les péchés commis contre le monde dans lequel nous vivons.

LA TERRE CRIE…
Dieu nous a fait don d’un jardin luxuriant, mais nous sommes en train de le transformer en une étendue polluée de «décombres, de déserts et de saletés » (cf Laudato si, n. 161). Nous ne pouvons pas nous résigner à la perte de la biodiversité et à la destruction des écosystèmes, souvent provoqués par nos comportements irresponsables et égoïstes… La planète continue à se réchauffer, en partie à cause de l’activité humaine. Cela provoque sécheresse, inondations, incendies…Les pauvres du monde, sont les plus vulnérables et en subissent déjà les effets… Quand nous maltraitons la nature, nous maltraitons aussi les êtres humains …

…PARCE QUE NOUS AVONS PÉCHÉ
Dieu nous a donné la terre pour la cultiver et la garder (cf Gn 2, 15). La cultiver «trop» et la garder peu est un péché. «Que les hommes détruisent la diversité biologique dans la création de Dieu; que les hommes dégradent l’intégrité de la terre en provoquant le changement climatique, en dépouillant la terre de ses forêts naturelles ou en détruisant ses zones humides; que les hommes polluent les eaux, le sol, l’air : tout cela, ce sont des péchés » dit le Patriarche OEcuménique Bartholomée… Un crime contre la nature est un crime contre nous-mêmes et un péché contre Dieu. Face à ce qui arrive à notre maison, puisse le Jubilé de la Miséricorde appeler les fidèles chrétiens «à une profonde conversion intérieure» (cf Laudato si, n. 217) soutenue de façon particulière par le Sacrement de la Pénitence. Apprenons à chercher la miséricorde de Dieu pour les péchés contre la création que jusqu’à maintenant nous n’avons pas su reconnaître et confesser…

EXAMEN DE CONSCIENCE ET REPENTIR
Pour le croyant, le monde ne se contemple pas de l’extérieur mais de l’intérieur, en reconnaissant les liens par lesquels le Père nous unit à tous les êtres (ibid. n. 220). À ce Père plein de miséricorde et de bonté nous pouvons nous adresser en reconnaissant nos péchés envers la création, les pauvres et les générations futures… C’est le premier pas sur le chemin de la conversion… Repentons-nous du mal que nous faisons à notre maison commune… Après un sérieux examen de conscience et habités par ce repentir, nous pouvons confesser nos péchés contre le Créateur, contre la création, contre nos frères et soeurs.

CHANGER DE ROUTE
L’examen de conscience, le repentir et la confession au Père riche en miséricorde conduisent à un ferme propos de changer de vie. Et cela doit se traduire en attitudes et comportements concrets et respectueux de la création, comme par exemple de faire un usage raisonnable du plastique et du papier, de ne pas gaspiller l’eau, la nourriture et l’énergie électrique, de trier les déchets, de traiter avec soin les autres êtres vivants, d’utiliser les transports publics et de partager un même véhicule entre plusieurs personnes, et ainsi de suite (cf. Laudato si, n. 211).

UNE NOUVELLE OEUVRE DE MISÉRICORDE
La vie chrétienne inclut la pratique des oeuvres de miséricorde corporelles et spirituelles traditionnelles… Mais si nous les regardons ensemble, le message est que l’objet de la miséricorde est la vie humaine dans sa totalité. Évidemment la vie humaine comprend la sauvegarde de la maison commune. Donc, dit le pape François, «je me permets de proposer un complément aux deux listes traditionnelles des oeuvres de miséricorde, ajoutant à chacune la sauvegarde de la maison commune».

+Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des cinq paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville

POUR UNE PLUS GRANDE PROXIMITÉ

Dans mon premier message du 21 août, j’ai mentionné que la priorité diocésaine, à la suggestion du Pape François et de l’Assemblée des Évêques du Québec, serait «Le tournant missionnaire des communautés chrétiennes». Cette priorité est pour la présente année et sera sans doute pour celles à venir. D’ailleurs, la Journée pastorale du 18 octobre prochain qui réunit tous les prêtres et agents de pastorale du diocèse portera sur ce thème. Or, dans la perspective de cette conversion missionnaire «qu’on ne peut différer» (Pape François, La joie de l’Évangile, n. 27), « ce sont les habitudes, les styles, les horaires, le langage et toute la structure ecclésiale » (ibid., n. 27) qui seront touchés. «Il s’agit donc, au niveau […] des paroisses, de faire une évaluation missionnaire de toutes les structures et pratiques administratives pour voir si elles manifestent le cœur de l’Évangile, l’accueil de toute personne et la sortie missionnaire» (Le tournant missionnaire…, p. 19).

Une approche plus «missionnaire» a déjà été mise en place dans la pastorale du baptême, dans la pastorale du mariage et dans celle des funérailles de même que pour la catéchèse. Ces dispositions favorisent une rencontre avec les personnes, un cheminement, une catéchèse. Pour favoriser une plus grande proximité des paroissiens et éviter toute apparence de fonctionnarisme, les prêtres de l’équipe pastorale seront rattachés plus régulièrement à une ou deux paroisses plutôt que de passer d’une paroisse à une autre de semaine en semaine. Ainsi :

Mgr Berthelet sera régulièrement à la Basilique, mais, en tant que modérateur de chacune des cinq paroisses, sera présent, une fois par mois, dans 2 des 4 autres paroisses. Il sera alors remplacé à la Basilique par l’un ou l’autre des deux vicaires.

L’abbé Dieudonné Kibungu sera régulièrement présent dans les deux paroisses de Contrecœur, mais, une fois tous les deux mois, le Modérateur assurera le ministère dominical et l’abbé Dieudonné ira à la Basilique.

Le Père Rosaire Lavoie, sera régulièrement rattaché à Saint-François-Xavier de Verchères et à Sainte-Théodosie de Calixa-Lavallée, mais, une fois tous les deux mois, le Modérateur assurera le ministère dominical dans ces deux paroisses et le Père Rosaire le remplacera à la Basilique.

De plus, chaque prêtre se rendra disponible, une journée par semaine, pour accueillir les personnes qui désirent les rencontrer : Mgr Berthelet, le lundi, au presbytère de la Paroisse Sainte-Anne; l’abbé Dieudonné Kibungu, le mardi, au presbytère de la paroisse Sainte-Trinité à Contrecœur; le Père Rosaire Lavoie, le lundi, au presbytère Saint-François-Xavier à Verchères.

Quant aux deux agents de pastorale, Lucie Lascelles-Létourneau et François Therrien, leur mandat les rend déjà présents, dans tout l’Unité pastorale, dans la pastorale du baptême, la catéchèse, le catéchuménat, la pastorale sociale de même qu’auprès des aînés.

Nous espérons vivement que cette volonté de présence fraternelle, de proximité missionnaire, constituera un nouveau pas dans la construction d’une Église communautaire et missionnaire.

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des cinq paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite d’Youville.

LA CATÉCHÈSE POUR TOUS

En 1997, paraissait, au Vatican, un ouvrage qui allait révolutionner la catéchèse : le Directoire général pour la catéchèse. Une des données importantes de ce directoire soulignait que la catéchèse ne s’adressait plus seulement aux enfants, mais à tous et qu’elle ne consistait pas simplement à apprendre par cœur des vérités à croire, mais qu’elle devenait un apprentissage à une connaissance personnelle de Jésus Christ, à la prière, à la liturgie et aux sacrements, à la vie en communauté chrétienne, à l’engagement au service des autres. Cette description de la catéchèse nous fait comprendre qu’elle ne peut se limiter à un âge de la vie, mais qu’elle couvre tous les âges de la vie.

Dans notre diocèse, au tournant de l’an 2000, considérant que l’enseignement religieux allait être retiré des programmes scolaires, nous avons pris les moyens pour nous préparer à assumer en paroisse la catéchèse, comme cela se faisait déjà pour le catéchuménat des adolescents et des adultes. Nous avons alors voulu impliquer les parents dans ce projet, mais nos attentes furent souvent déçues. Nous avons lancé l’idée d’une catéchèse de toute la communauté, mais dans les esprits de plusieurs, la catéchèse était pour les enfants.

Réalisant que seule une minorité de jeunes s’engageait en catéchèse et que peu d’adultes s’intéressait à la croissance de leur foi, les responsables diocésains sont revenus à cette idée force du Directoire général pour la catéchèse qui insistait sur la priorité accordée aux adultes en toute catéchèse, sur leur témoignage de foi et sur leur engagement chrétien. Les enfants ne peuvent grandir dans leur foi qu’avec le support et l’exemple de leurs parents et des autres membres de la communauté chrétienne. C’est la direction que prend la catéchèse : elle se veut intergénérationnelle et inclusive, c’est-à-dire qu’elle inclut adultes et enfants ou jeunes, elle inclut la communauté chrétienne. Elle ne peut être simplement individuelle ni se limiter à un groupe d’âge. Cela vaut pour toutes les démarches concernant le baptême, l’initiation chrétienne, les sacrements du mariage et même celui de l’onction des malades. La catéchèse veut ainsi être attentive à toutes les circonstances de la vie; elle veut évangéliser tous les moments de la vie, tous les engagements d’une vie chrétienne.

Le lancement de la catéchèse des jeunes (les 18 et 25 septembre) s’inscrit dans cette démarche de toute la communauté. Et cela sera rendu plus évident par les rassemblements communautaires intergénérationnels, le premier d’entre eux se tenant la samedi 1er octobre, de 13 h à 16 h, à la basilique Sainte-Anne. Plusieurs groupes sont convoqués, mais tous les fidèles des cinq paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite d’Youville sont invités à ce rassemblement. Le défi est grand. Il s’agit de reconstruire la communauté chrétienne. Tout est possible pour ceux qui croient. C’est le Seigneur qui bâtit sa maison!

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des cinq paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite d’Youville.

TOUS APPELÉS À LA SAINTETÉ

En regardant le calendrier liturgique du mois d’octobre on ne peut qu’être frappés par le nombre de saints qui ont pour la plupart d’entre nous une signification particulière : sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, le premier octobre; saint François d’Assise, le 4 octobre; la bienheureuse Marie-Rose Durocher, le 6 octobre; Notre-Dame du Rosaire, le 7 octobre; saint Jean XXIII, le 11 octobre; sainte Thérèse d’Avila, le 15 octobre; sainte Marguerite d’Youville, le 16 octobre; saint Luc, évangéliste de la miséricorde, le 18 octobre; saint-Viateur, patron des Clercs paroissiaux et catéchistes de Saint-Viateur, le 21 octobre; saint Jean-Paul II, le 22 octobre.

Le calendrier des saints comporte d’autres saints célèbres au mois d’octobre, mais ceux que j’ai énumérés me semblent jouir d’une dévotion particulière, au moins pour un groupe ou l’autre de fidèles chrétiens. Cette liste de saints nous rappelle non seulement que nous avons devant nous des modèles de sainteté, mais que nous sommes tous appelés à la sainteté. C’est bien ce que nous rappelle le chapitre V de la Constitution Lumen gentium du concile Vatican II.

« L’Église […] est aux yeux de la foi indéfectiblement sainte […]. Aussi, dans l’Église, tous, qu’ils appartiennent à la hiérarchie ou qu’ils soient régis par elle, sont appelés à la sainteté selon la parole de l’apôtre : oui, ce que Dieu veut c’est votre sanctification (1Th 4, 3; Eph 1, 4). » (LG, V, 39). « Appelés par Dieu, non au titre de leurs oeuvres mais au titre de son dessein et de sa grâce, justifiés en Jésus notre Seigneur, les disciples du Christ sont véritablement devenus dans le baptême de la foi, fils de Dieu, participants de la nature divine et, par conséquent, réellement saints. » (LG, V, 40)

Sainte Marguerite d’Youville, née à Varennes et dont le corps repose dans la basilique Sainte-Anne de Varennes devient ainsi un modèle et une alliée dans notre chemin de sanctification. Voilà pourquoi nous la vénérons avec une telle ferveur, spécialement en cette année de la miséricorde dont elle a été un témoin remarquable. Grâce à une autorisation de notre Évêque, en plus de la messe dominicale anticipée et de la messe du dimanche où sera célébré le 29e dimanche de l’année C, il y aura une célébration solennelle de la fête de Sainte-Marguerite d’Youville à 19 h 30 en la basilique de Sainte-Anne de Varennes, le 16 octobre prochain. Vous y êtes tous invités.

+ Jacques Berthelet, C.S.V.

Modérateur des cinq paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite d’Youville.

L’ACTION DE GRÂCE

Le deuxième lundi d’octobre, cette année le 10 octobre, est mieux connu sous le nom de « Congé de l’Action de grâce » ou simplement, « L’Action de grâce ». Jour de congé, donc, qui est toujours bienvenu, mais pas pour tous : les « magasins » sont ouverts et tous les services essentiels ou utiles aussi.

Pourquoi cette fête? Parce c’est bien une fête, pas aussi importante qu’aux États-Unis, mais quand même indiquée dans le calendrier liturgique et dans le calendrier civil. On trouve habituellement le sens d’une fête en remontant à ses origines. Or, c’est depuis le 5e siècle que l’on a un dimanche suivi de trois jours de prières, nommées les « rogations », pour bénir les semailles et rendre grâce pour les fruits de la terre.

Dans le monde religieux, cette journée nous invite à remercier Dieu pour tous les bienfaits spirituels et matériels que nous recevons. Le congé nous donne le temps de prendre du temps pour apprécier toutes les bonnes choses dont nous profitons. Les bulletins de nouvelles et notre expérience quotidienne contiennent beaucoup de mauvaises nouvelles. Mais si nous prenons le temps de prendre du temps nous pourrons découvrir beaucoup de belles choses qui méritent que nous disions « merci! » : dans nos familles, dans nos relations, dans notre paroisse, dans notre ville, notre pays.

Merci, Seigneur, pour la paix dont nous profitons ici, merci pour le climat qui nous épargne les catastrophes qui arrivent ailleurs, merci pour la beauté de l’automne avec sa lumière et ses couleurs, merci pour le dévouement de tant de personnes, pour la liberté dont nous jouissons, pour la générosité des bénévoles et des bienfaiteurs. Et la liste pourrait s’allonger. L’Action de grâce nous donne l’occasion de nous émerveiller, d’élever notre regard pour apercevoir la bonté miséricordieuse de Dieu :

Devant les fruits de ta création, Seigneur,
Nous te rendons grâce de vouloir le bonheur
Et le salut de l’homme;
Toi qui as réglé les temps et les saisons
Pour que toute semence donne du fruit,
Fais de notre propre vie une terre fertile
Où puisse croître la justice
Et se multiplier la charité.
(Oraison de la messe de l’Action de grâce)

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des cinq paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite d’Youville

SAINTE MARGUERITE D’YOUVILLE

sainte Marguerite d'YouvilleIl y a plusieurs versions de la fête de l’Action de grâce : la fin de semaine de l’Action de grâce; le congé d l’Action de grâce, donc le lundi; la semaine de l’Action de grâce. Cette dernière appellation nous conduit à la fête de sainte Marguerite d’Youville. Sa fête est une occasion de rendre grâce à Dieu pour le don qu’il a fait à l’Église de cette femme dont le dévouement pour les pauvres et la charité universelle lui ont valu d’être canonisée, il y a 26 ans. Fondatrice des Sœurs de la Charité, son œuvre se poursuit et le nombre de personnes qui se confient à elle ne cesse de s’accroître

Les Sœurs de la Charité de Montréal ont accepté, grâce à leur sens de l’Église, que le corps de la sainte soit transféré à Varennes, lieu de sa naissance. Depuis ce temps les pèlerins viennent, nombreux, la vénérer, et je peux témoigner que de nombreuses personnes voient leurs demandes à Dieu exaucées par l’intercession de sainte Marguerite d’Youville. Sa présence à la basilique Sainte-Anne et au cœur de la ville de Varennes tout comme de la MRC de Marguerite-d’Youville. Ce sont là autant de raisons de rendre grâce.

La fête de sainte Marguerite d’Youville est une occasion de reconnaître quel privilège nous avons de conserver dans la basilique de Sainte-Anne, les restes mortels de la sainte. Il y a quand même peu de saints ou de saintes canonisées, et nous en avons deux dans notre diocèse, la deuxième étant sainte Kateri Tekakwitha. Cela nous confère une certaine responsabilité : celle de témoigner des mêmes vertus qui caractérisent les saintes que nous sommes appelés à imiter.

Heureuse coïncidence : le 17 octobre, lendemain de la fête de sainte Marguerite d’Youville, est la « Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, la Journée mondiale du refus de la misère ». Marguerite d’Youville, en son temps, a contribué à refuser la misère et à éliminer la pauvreté en recueillant les femmes nécessiteuses et les enfants abandonnés, en administrant l’Hôpital général des Frères Charon « qui accueille toutes les misères ».

Inspirés par la spiritualité de Marguerite d’Youville, il nous revient de refuser la misère en étant miséricordieux, d’éliminer la pauvreté en partageant avec ceux qui souffrent de la pauvreté, ici et ailleurs. Voilà comment, concrètement, nous pouvons rendre grâce.

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des cinq paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite d’Youville

LA CORESPONSABILITÉ EN ÉGLISE

Notre Évêque nous propose cette année, en lien avec les orientations du pape François, de la Conférence des évêques catholiques du Canada et de l’Assemblée des évêques du Québec, trois priorités intimement liées les unes aux autres : la coresponsabilité en Église, les rassemblements communautaires intergénérationnels inclusifs et le tournant missionnaire des communautés chrétiennes. Dans la présente chronique, j’essaie de saisir avec vous le sens et la portée de la coresponsabilité en Église.

D’abord la coresponsabilité. Et avant la coresponsabilité, la responsabilité en Église. Il y a dans le mot « responsable » l’idée de « réponse ». Répondre à qui? À Dieu qui nous aime, qui nous a envoyé son Fils Jésus, tête de l’Église qui est son corps. Dieu nous a aimés en nous introduisant dans l’Église par le baptême. D’où la responsabilité de répondre à cet amour de Dieu avec tous les autres membres du Corps en étant tous membres actifs de l’Église, témoins de l’amour de Dieu, dans l’Église et dans le monde.

Nous ne sommes pas seuls à être responsables. Nous sommes responsables ensemble de répondre à l’amour de Dieu. Chacun est responsable, dans l’Église et dans le monde, de répondre à l’amour de Dieu suivant sa vocation propre (laïque, clerc, consacré). Mais ensemble, nous sommes coresponsables, comme membres du Corps du Christ, de répondre à l’amour de Dieu en accomplissant notre mission commune qui est de vivre et de témoigner de l’Évangile, en étant fidèles aux exigences de notre baptême et de notre vocation particulière.

Notre responsabilité et notre coresponsabilité ne se limitent pas à des obligations et à des devoirs. Notre coresponsabilité implique que nous répondions à l’amour en mettant en œuvre dans notre vie quotidienne comme dans non engagements familiaux et professionnels, les grandes exigences évangéliques de l’amour du prochain, de la bonté, de la miséricorde.

Être tous coresponsable de la mission d’évangélisation, cela ne veut pas dire qu’il faut cléricaliser les laïcs, séculariser les clercs et mondaniser les consacrés. Le Concile Vatican II et les Synodes des évêques successifs ont rappelé avec force la vocation de chacune des catégories de personnes dans l’Église, ce qui leur était propre dans l’évangélisation et ce qui était commun à tous. C’est dans ce respect et plus encore dans l’écoute et l’approfondissement de la Parole de Dieu que nous pourrons prendre le tournant missionnaire de nos communautés chrétiennes.

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Marguerite d’Youville

LES RASSEMBLEMENTS COMMUNAUTAIRES INTERGÉNÉRATIONNELS ET INCLUSIFS

Voilà la deuxième priorité que nous propose notre Évêque pour la présente année et sûrement pour les années suivantes. Une priorité qu’il est bon d’expliquer un peu, car son énoncé n’est ni simple, ni évident.

Quels rassemblements? Il ne s’agit pas du rassemblement eucharistique dominical, mais de tout autre rassemblement où est offerte une catéchèse. Et non seulement pour les enfants, mais aussi pour les adolescents, pour les catéchumènes (ados et adultes) qui se préparent à entreprendre ou à compléter leur initiation chrétienne (Baptême, Confirmation, Eucharistie) en vue de s’engager dans une forme ou l’autre de la vie chrétienne. Rien n’empêche donc les parents, parrains et marraines d’enfants nouvellement baptisés ou confirmés, les bénévoles, les personnes en quête d’approfondissement de leur foi, de participer à ces rassemblements. Autrement dit, ces rassemblements ne sont pas limités à ceux et celles qui sont directement concernés par la préparation aux sacrements, mais sont ouverts à tous les membres de la communauté chrétienne pour venir se ressourcer et partager leur foi. C’est pour faire comprendre à tous que la catéchèse n’est pas une affaire d’enfants que l’on a voulus ces rassemblements intergénérationnels et pour montrer à ceux qui poursuivent une catéchèse que la communauté chrétienne (grands-parents, parents, parrain et marraines, ados et amis) les appuie et chemine avec eux. On appelle justement ces rassemblements inclusifs pour indiquer qu’ils incluent tous les autres membres de la communauté. Ils ne sont pas réservés à un groupe en particulier, mais admettent tous les membres de la communauté chrétienne.

Pourquoi de tels rassemblements? Pour que les jeunes qui acceptent d’entrer en catéchèse se sentent appuyés par leurs parents, parrains et marraines par la communauté chrétienne faute de quoi, ils abandonneront sous la pression des médias, de la contreculture ambiante et de la société sécularisée dans laquelle nous vivons. Ils seront baptisés sans mener une vie baptismale; ils auront reçu l’Esprit, mais n’écouteront plus ses inspirations; ils auront communié au Corps du Christ, mais leur première communion risquera d’être la dernière. La foi des jeunes en catéchèse grandira d’autant mieux qu’ils connaîtront l’expression de foi de leurs parents et de leurs grands-parents, des membres de la communauté, de témoins en qui ils ont confiance.

Quand? Il y a sept de ces rassemblements en 2016-2017. Le premier a déjà eu lieu. Et il n’y a pas eu beaucoup d’adultes des cinq communautés chrétiennes de l’Unité pastorale. Le prochain rassemblement aura lieu le samedi 18 novembre de 13 h à 15 h, à la basilique Sainte-Anne de Varennes. Votre présence sera le signe que vous voulez vraiment un avenir pour notre Église et que vous souhaitez un monde meilleur grâce à la vitalité de la foi d’un plus grand nombre de baptisés. « Ne laissons pas mourir la flamme ». Ne nous laissons pas voler notre espérance en une Église plus vivante pour un monde plus humain.

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Marguerite d’Youville

LE TOURNANT MISSIONNAIRE DES COMMUNAUTÉS CHRÉTIENNES

Les deux premières priorités que notre Évêque propose à notre Église – la coresponsabilité en Église et les rassemblements intergénérationnels – préparent la troisième priorité qui est la plus importante : le tournant missionnaire des communautés chrétiennes. J’ai déjà évoqué cette priorité à quelques reprises : je la développe ici un peu plus, quitte à y revenir à l’occasion pour en préciser l’application.

D’une Église de chrétienté à une Église missionnaire. L’Église de chrétienté est celle où la grande majorité des gens sont baptisés, confirmés et pratiquent leur foi. La société elle-même est majoritairement chrétienne et vit des valeurs chrétiennes. Cette Église reçoit des appuis aussi bien de la classe politique qui décrète les lois civiles qui ne contredisent pas son enseignement que des autorités judiciaires dont les jugements s’accordent assez bien avec les valeurs chrétiennes. L’Église de chrétienté, au Québec, est aussi celle où l’école publique est catholique ou protestante, où les familles est le lieu premier de la transmission de la foi.

Mais la société a changé et ce changement a entraîné des changements dans la politique et dans le droit. Des lois sont votées qui contredisent l’enseignement de l’Église et ne protègent pas les chrétiens; le droit a été revu dans une perspective d’ajustement à la pensée majoritaire. L’influence des médias, la légalisation de pratiques contraires à la foi chrétienne ont contribué largement à la sécularisation de la société, la construction d’une société sans Dieu, ou du moins sans le vrai Dieu. Or, les baptisés dans leur ensemble n’étaient pas outillés pour affronter une telle révolution. L’Église avait cessé d’être missionnaire; elle avait perdu le sens d’être envoyée dans le monde pour travailler à le rendre conforme au projet de Dieu sur lui. Il nous faut donc retrouver, comme Église, en chacun de ses membres, la conviction d’être envoyés évangéliser.

Une Église missionnaire est celle dont les membres sont fidèles à leur baptême, témoins vivants de l’Évangile au jour le jour, croyant et pratiquant tout en étant attachés à leur vocation propre comme laïcs, ministres ordonnés ou personnes consacrées.

L’Église missionnaire est encore celle dont les membres n’arrêtent pas leur formation à l’enfance ou au mieux à l’adolescence, mais la poursuivent tout au long de leur vie dans une formation permanente. Pourquoi faudrait-il, en effet, que la formation permanente vaille pour tous les domaines sauf pour la vie chrétienne? On ne naît pas disciple missionnaire, on le devient par une formation appropriée qui est offerte par notre diocèse, par nos paroisses et par certains mouvements.

L’Église missionnaire est celle où les liens personnels prévalent sur les pratiques administratives et bureaucratiques; où les laïcs prennent leur part de responsabilités dans l’action pastorale qui construit l’Église dans le monde; où les communautés chrétiennes célébrantes sont également des communautés de prière, de transmission de la foi et de charité.

Tout n’est pas dit sur ce tournant missionnaire à prendre dans nos communautés chrétiennes. Il suppose bien sûr une conversion, la plus importante peut-être étant la conviction que tous les baptisés doivent devenir les protagonistes de l’évangélisation. C’est le chemin à prendre pour connaître « la joie de l’Évangile ».

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Marguerite d’Youville

CLÔTURE DU JUBILÉ EXTRAORDINAIRE DE LA MISÉRICORDE

MisériordeC’est à Saint-Pierre-de-Rome que le pape François clôturera l’Année jubilaire de la Miséricorde, le 20 novembre prochain, en la fête du Christ-Roi. Cependant, dans tous les diocèses du monde, c’est le dimanche 13 novembre que se conclura le Jubilé de la Miséricorde et qu’aura lieu la clôture de la Porte de la Miséricorde. Cela se fera par l’Eucharistie de clôture du Jubilé célébrée à la co-cathédrale alors que dans les autres églises où l’évêque diocésain avait choisi que soit ouverte une Porte de la Miséricorde, une célébration d’action de grâce, présidée par un délégué de l’évêque sera célébrée. L’accent sera donc mis sur l’action de grâce, sur la gratitude pour cette Année jubilaire de la Miséricorde et pour le privilège d’avoir eu accès à une Porte de la Miséricorde dans notre unité pastorale.

Il est bon de nous rappeler que si la Porte de la Miséricorde doit être fermée, la miséricorde divine, elle, sera toujours offerte. La porte est un symbole : « la porte représente le Christ porte du troupeau » (c.f. Jn 10,7). La porte qu’est le Christ est toujours ouverte. C’est par lui que la miséricorde du Père nous est donnée grâce au don de l’Esprit qui agit dans le ministre du sacrement du pardon. Cette Année jubilaire de la Miséricorde a permis à plusieurs personnes de redécouvrir le sacrement du pardon : aux prêtres d’abord qui ont mieux compris que dans cette rencontre personnelle, ils doivent manifester la bonté miséricordieuse de Dieu; aux pénitents aussi qui ont pu éprouver jusqu’à quel point la miséricorde divine peut changer notre vie, nous apporter paix et joie.

Une des choses que l’Année jubilaire de la Miséricorde nous a mieux fait connaître, c’est que le sacrement du pardon est d’abord le lieu où confesser l’amour de Dieu, où reconnaître les bienfaits qu’il nous accorde. Dans un deuxième temps, cet amour de Dieu nous permet de reconnaître que nous ne sommes jamais à la hauteur de la grâce qu’il nous accorde. Dans la mesure où nous nous reconnaissons pécheurs, le pardon de Dieu nous grandit et permet à la communauté à laquelle nous appartenons de croître. Une communauté chrétienne où il n’y a pas de place pour le pardon, où le sacrement du pardon est négligé, cette communauté n’a pas d’avenir.

Puisse cette Année jubilaire de la Miséricorde qui s’achève laisser sa marque dans nos communautés paroissiales et leur permettre de se revitaliser pour qu’ensemble, disciples-missionnaires, nous entendions l’appel à nous convertir sans cesse et à convertir le monde qui est le nôtre en un lieu de paix, de justice et d’amour.

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite d’Youville

QUE TON RÈGNE VIENNE…

La fête du Christ-Roi qui sonne la fin de l’année liturgique nous rappelle ce qui est le centre et la finalité de la prédication de Jésus : la venue du règne de Dieu. On se rappellera que dans l’Ancienne Alliance, les Hébreux voulaient avoir un roi – comme dans les autres pays – mais que le Seigneur avait longtemps résisté à ce désir de son peuple. Il n’y consentit qu’à la condition que le roi du peuple soit le représentant du Dieu qui est le seul vrai Roi.

Le royaume étant le domaine sur lequel règne le roi, il est bon de souligner ce qui caractérise ce royaume. La préface de la messe du Christ-Roi nous l’indique : « règne de vie et de vérité, règne de grâce et de sainteté, règne de justice, d’amour et de paix. Voilà donc ce qui est sous-entendu dans le « Notre Père » quand nous demandons « que ton règne vienne ». Nous prions donc pour que ce règne – qui est sa volonté – se réalise en nous personnellement, puis dans toutes nos relations et dans le monde, le monde qui nous est proche et le monde entier.

Nous savons bien que le monde dans lequel nous vivons est loin de correspondre aux caractéristiques du Royaume de Dieu, même dans sa forme inachevée, l’Église étant à certains égards comme le commencement du Royaume. Le monde qui nous est proche comme le monde entier apparaît plus comme un monde divisé, en conflit, en recherche de domination, où règne le mensonge et l’injustice, le non-respect de la vie et le mensonge.

Pour que le règne de Dieu vienne, le Fils de Dieu est venu et nous a appelés à la conversion : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Marc, 1, 15). L’Église a été voulue par le Christ-Jésus pour annoncer et réaliser cette Bonne Nouvelle d’un règne de vie et de vérité, de grâce et de sainteté, ce règne de justice, d’amour et de paix.

Mais quand la grande majorité des membres de l’Église est absente de la vie de l’Église, celle-ci devient plus préoccupée par des questions administratives et financières plutôt que par le bonheur des baptisés et la mission qui lui est confiée de faire rayonner l’Évangile dans la vie du monde concret qui est celui de la famille, de la communauté urbaine, dans le monde du travail, de la culture et de la politique. Quand nous appliquons les paroles de Jésus à la situation d’aujourd’hui :« la moisson est grande, mais les ouvriers sont peu nombreux », nous ne pensons pas seulement aux prêtres, mais aux baptisés engagés dans la mission de l’Église pour le monde. Prions le Père pour que son règne vienne par la fidélité de ses enfants à leur engagement à la suite du Christ grâce à la force de l’Esprit.

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite d’Youville

AVENT – ADVENTUS – AVÈNEMENT

Le mot « avent » est une traduction du mot latin adventus qui signifie avènement ou venue, arrivée. C’est donc le temps liturgique où nous commençons déjà à célébrer la venue de Dieu qui se fait homme en Jésus de Nazareth. Il s’agit de beaucoup plus qu’un anniversaire de naissance : nous nous apprêtons à célébrer un Dieu qui vient vers nous, en nous et au milieu de nous. Et cette fête de la venue de Dieu parmi nous aujourd’hui est assez importante pour qu’elle ait un avant – le temps de l’Avent -, un présent – le jour de Noël – et un après – le temps de Noël qui s’étend jusqu’à la fête du baptême de Jésus, soit le 9 janvier.

Tout l’Ancien Testament est comme une parabole annonçant la venue du Messie. Quand nous faisons une lecture chrétienne de l’Ancien Testament, nous découvrons le Christ dès la création, car c’est par lui que tout a été fait. Nous le trouvons à travers plusieurs figures marquantes de l’Ancien Testament comme Moïse et David et, chez les prophètes, nous le découvrons dans la prière des Psaumes comme celui qui s’adresse à son Père. L’Ancien Testament est une sorte d’Avent où le Christ est déjà présent de même que dans notre temps de l’Avent, le Christ ressuscité est déjà présent. Mais la venue dans la chair du Verbe de Dieu, comme événement historique, est telle que nous pouvons dire aussi qu’il est déjà venu. Cependant, lorsque nous célébrons la fête de Noël, nous nous entendons dire : « Aujourd’hui, vous est né un sauveur ». C’est dire qu’il vient encore aujourd’hui. Le célébrer c’est entrer dans l’aujourd’hui de Dieu qui nous donne un sauveur. La Constitution « Joie et espérance » du Concile Vatican II, affirme : « Par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme » (GS 22, § 2). Cette affirmation nous fait comprendre que depuis que le Verbe de Dieu s’est fait chair, nous pouvons dire « Aujourd’hui nous est né un sauveur ». Et cet aujourd’hui de la venue du Verbe de Dieu est celui du Christ ressuscité, présent par son Esprit au cœur de ceux et celles qui croient.

Il est venu, il vient, mais aussi il viendra. Il viendra dans sa gloire. Il viendra en nous attirant vers lui. Cela se réalisera en plénitude, de façon définitive à la fin du monde comme à la fin de la vie de chaque personne. Ce sera le Royaume achevé de Dieu. Ce qui s’est réalisé pour le Christ ressuscité se réalisera alors pour chacun et chacune de nous, si tant est que nous y croyons.

Il est venu, il vient, il viendra : DEBOUT, VEILLONS!

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite d’Youville

CHANGEMENT – TRANSFORMATION, CONVERSION

Dans beaucoup de publicités électorales – ici comme ailleurs – on promet du changement. Quel changement? On ne le dit pas trop. Dans beaucoup de campagnes de publicité on parle de la transformation qu’apportera l’utilisation d’un produit, on annonce avec enthousiasme la transformation d’un édifice, d’un secteur de la ville. La conversion, elle, est plus intérieure, elle concerne le plus intime de nous-mêmes, tout en se révélant dans nos comportements et nos paroles; elle est orientation de vie, d’attitudes qu’il nous est donné d’avoir, par grâce et par volonté, personnellement et communautairement.

La deuxième semaine de l’Avent met en relief cet appel à la conversion en même temps que l’appel à aller à la rencontre de Celui qui vient vers nous, Jésus de Nazareth. Ce n’est pas par hasard que la liturgie du 2e dimanche de l’Avent cite Jean le Baptiste : « Convertissez-vous, car le royaume de Dieu est tout proche » (Mt 3,2). N’oublions pas, d’ailleurs, que les premières paroles attribuées à Jésus, dans l’évangile de Marc sont fort semblable : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’évangile » (Mc 1, 15). Dans les deux cas, le lien opéré avec le règne de Dieu donne une importance particulière à cette conversion. Il s’agit de plus qu’un changement de mentalité, mais d’un changement de direction, d’un retour au Dieu de l’Alliance, d’un retour au Dieu de notre baptême, lequel implique une conversion constance. La venue du règne exige la conversion; la venue de Dieu parmi nous et en nous exige la conversion et cette conversion est faite de justice, de miséricorde, de fidélité.

Cette démarche de conversion ne peut être que personnelle avant de produire des fruits pour la communauté. Elle suppose un examen de conscience, la lumière du projet de Dieu. Examiner sa conscience, faire son examen de conscience, ce n’est pas faire de l’introspection, ce n’est pas se center sur soi-même, c’est se situer par rapport à la volonté ou au projet de Dieu. Le pape François nous propose une méthode très simple pour faire notre examen de conscience. Il suffit de nous demande : est-ce que, aujourd’hui (cette semaine, ce mois-ci), dans mes pensées, dans des paroles, dans mes actions, je me suis rapproché de Dieu ou je m’en suis éloigné. Et encore : Est-ce que, aujourd’hui, dans mes pensées, dans mes paroles, dans mes actions, je me suis fait le prochain des personnes que j’ai rencontrées ou si je m’en suis éloigné?

Un tel examen de conscience conduit à la demande de pardon et au changement d’attitude, à une conversion. Il y a même un sacrement où nous pouvons à la fois confesser l’amour de Dieu pour nous et confesser l’écart qui nous sépare de Dieu et de notre prochain. Le temps de l’Avent est un temps approprié pour recourir à ce sacrement avec humilité et confiance. C’est à quoi nous invite l’oraison du deuxième dimanche de l’Avent : Seigneur tout-puissant et miséricordieux, ne laisse pas le souci de nos tâches présentes entraver notre marche à la rencontre de ton Fils; mais éveille en nous cette intelligence du coeur qui nous prépare à l’accueillir et nous fait entrer dans sa propre vie…

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville

LA JOIE DE L’ESPÉRANCE

Déjà, au deuxième dimanche de l’Avent, saint Paul nous disait que « tout ce qui a été écrit à l’avance dans les livres saints l’a été pour nous instruire, afin que (…) nous ayons l’espérance » (Rm 15,4-9). Aux Philippiens (4,4-5), il disait : « Soyez dans la joie du Seigneur, soyez toujours dans la joie, le Seigneur est proche ». L’espérance produit donc la joie. Et plus cette espérance est intense, plus profonde est notre joie. C’est le sens de l’oraison de la messe du troisième dimanche de l’Avent : « dirige notre joie vers la joie d’un si grand mystère ».

Le prophète Isaïe, dans la première lecture de ce dimanche de la joie, soutient avec enthousiasme l’espérance de ses auditeurs : « le pays aride (…) qu’il exulte et crie de joie (…). Ceux qu’a libérés le Seigneur reviennent, ils entrent dans Sion avec des cris de fête, couronnés de l’éternelle joie. Allégresse et joie les rejoindront, douleur et plainte s’enfuient » (Is 3,1-6.10). Le prophète ne prédit pas l’avenir, il annonce les promesses de Dieu et dénonce tout ce qui contredit ces promesses. La promesse de Dieu est celle d’un Messie qui comblera de joie ceux qui l’attendent et le recherchent.

Saint Jacques, dans la deuxième lecture de ce dimanche, invite, lui, à la patience. « Prenez patience, vous aussi, et tenez ferme car la venue du Seigneur est proche ». Et pourtant, le Seigneur est déjà venu. Cela signifie donc qu’il viendra, qu’il vient encore, qu’il est le Seigneur qui ne cesse de venir pour ceux qui le cherchent. Il vient en nous attirant vers lui. La patience est une forme d’espérance. Elle est l’espérance qui persévère. Et la joie de la patience est plus intérieure et plus discrète. Mais, elle n’est pas moins réelle puisqu’elle est présentée par saint Paul comme fruit de l’Esprit : « Voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi » (Ga 5,22-23). Dans la « Traduction oecuménique de la Bible » (TOB), un commentaire indique à propos de ce fruit de l’Esprit qu’il est unique, qu’il est l’amour : « ce qu’il énumère ensuite, ce sont les signes du règne de l’amour –joie et paix-, les manifestations de cet amour –patience, bonté, bienveillance– les conditions, enfin, de sa naissance et de son développement –foi, douceur, maîtrise de soi. » Nous comprenons mieux maintenant comme la joie est associée à la patience, à l’espérance et, surtout, à l’amour.

Quand Jean le Baptiste, qui n’est pas non plus reconnu comme un apôtre de la joie, entend de sa prison parler de ce que Jésus accomplit, il va faire demander si Jésus est bien celui qui doit venir. Et Jésus lui fait dire : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez ». Et alors, s’adressant à la foule, il loue la qualité de prophète du Baptiste.

Ces paroles – Parole de Dieu – qui nous sont proposées en ce troisième dimanche de l’Avent, le sont pour soutenir notre espérance et notre foi en un Dieu qui vient, qui ne cesse de venir. Elles sont source d’une joie intérieure qui nous procure la paix. Comme Jean-le Baptiste, nous sommes invités par Jésus, à ouvrir nos yeux, à voir ce que Dieu réalise, en nous, autour de nous, dans nos familles, nos communautés et à enrichir notre espérance, à y trouver notre joie, fruit de l’Esprit.

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville

« ENGENDRÉ, NON PAS CRÉÉ… »

Dans le Credo de Nicée-Constantinople, nous proclamons de Jésus Christ : « il est Dieu, né de Dieu, lumière née de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu, engendré non pas créé, de même nature que le Père : et par lui, tout a été fait ». Cet article de notre foi est fondé sur l’Évangile de Mathieu qui est proclamé en ce quatrième dimanche de l’Avent. J’ai déjà eu l’occasion d’échanger avec un musulman que me disait que pour eux, Jésus n’avait pas été engendré, mais créé par Dieu. Nous croyons, nous chrétiens, que le Verbe est éternellement engendré par le Père et qu’à un moment de l’histoire, le Verbe s’est fait chair, que Jésus fut engendré dans le sein de la Vierge Marie par une opération du Saint Esprit.

Pourquoi cette insistance sur l’engendrement? C’est pour souligner que Jésus Christ qui est vrai Dieu est aussi vrai homme, que Dieu s’est vraiment fait homme en Jésus de Nazareth sans cesser d’être Dieu. Ainsi, Le Verbe de Dieu ayant assumé la nature humaine, celle-ci s’en trouve relevée, enrichie, sauvée. Or, cela n’est possible que grâce à Marie qui a acceptée d’être Mère de Jésus et indissociablement Mère de Dieu.

Dans notre pèlerinage de l’Avent, il est bon que nous adoptions les mêmes sentiments que Marie, que nous laissions agir en nous l’Esprit pour pouvoir accueillir le Sauveur. C’est le même Esprit qui permet à l’Église, à la communauté chrétienne d’accueillir aussi son Sauveur. Tel est le sens de l’anamnèse dans laquelle, au cours de la prière eucharistique, nous prions le Père d’envoyer l’Esprit pour faire de nous « un seul corps et un seul esprit dans le Christ » (3e prière eucharistique).

MarieLa fête de l’Immaculée Conception, célébrée le 8 décembre, nous a fait comprendre que, pour pouvoir être la Mère du Sauveur, « pour pouvoir donner l’assentiment libre de sa foi à l’annonce de sa vocation de Mère de Dieu, il fallait qu’elle fût toute portée par la grâce de Dieu » (Catéchisme de l’Église catholique, n.490). Il fallait qu’elle soit comblée de grâce. C’est sous ce titre que nous la prions : « je vous salue Marie, pleine de grâce ».

En la priant ainsi, nous nous unissons à elle pour accueillir son Fils en nous et au milieu de nous.

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville

LA NATIVITÉ DU SEIGNEUR ET SAINTE MARIE MÈRE DE DIEU

La liturgie nous fait célébrer la Nativité du Seigneur. Il faut comprendre par là qu’il ne s’agit pas simplement de rappeler la naissance de Jésus comme on célèbre un anniversaire de naissance, mais qu’il s’agit de souligner l’aujourd’hui de la venue de Dieu dans notre monde. Celui que nous célébrons à Noël est le Seigneur ressuscité, mais qui a d’abord assumé la nature humaine. Il est désormais auprès de son Père, il est en Dieu, avec sa nature humaine. Et parce qu’il a pris la nature humaine, nous sommes en quelque sorte, nous aussi, auprès de Dieu. Le Concile Vatican II affirme : « Par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme » (Gaudium et spes, 22, § 2). En nous souhaitant « Joyeux Noël », nous célébrons cette élévation de notre humanité grâce à l’« abaissement » du Verbe de Dieu qui se fait homme sans cesser d’être Dieu.

St-FamilleLa même liturgie nous fait célébrer, une semaine plus tard, le 1er janvier, la fête de Sainte Marie Mère de Dieu. C’est toujours le temps de Noël qui se poursuit, mais qui met en relief la Mère de Jésus, la Mère de Dieu. Nous ne pouvons pas célébrer la naissance de Jésus sans célébrer la Mère qui l’a mis au monde. Le titre de « Mère de Dieu », qui fait partie de notre foi, nous le proclamons dans notre Credo. Il fut officiellement attribué à Marie au Concile d’Éphèse en 431, mais il était déjà largement utilisé depuis que l’évangéliste Luc avait rapporté les paroles d’Élisabeth : « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur (c’est-à-dire du Messie) vienne jusqu’à moi? » (Luc 1,43)

Nous commençons donc la nouvelle année en bénissant Dieu pour le don qu’il nous fait de son Fils et pour celui qu’il nous fait de Marie, sa Mère et notre Mère. Mais si nous bénissons Dieu, c’est parce que Dieu nous a bénis le premier, personnellement :

« Que le Seigneur te bénisse et te garde!
Que le Seigneur fasse briller sur toi ton visage,
Qu’il se penche vers toi!
Que le Seigneur tourne vers toi son visage,
Qu’il t’apporte la paix! »
(Nombres, 6,24-26)

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville

LA JOIE DE L’AMOUR (AMORIS LAETITIA) - Présentation (1)

Dans les semaines et les mois qui suivent, je me propose de vous présenter l’Exhortation apostolique du Pape François intitulée Amoris laetitia (La joie de l’amour) portant sur la famille. Ce document est paru le 19 mars dernier à la suite des deux Synodes des évêques tenus en 2014 et 2015.

Les médias ont surtout retenu de ces Synodes des évêques certaines questions controversées comme l’accès à la communion eucharistique des personnes divorcées et « remariées » ou la situation des couples de même sexe dans l’Église. En fait, le Synode des évêques portait essentiellement sur « l’amour dans la famille » comme l’indique le titre complet de l’Exhortation apostolique. C’est par honnêteté envers ces deux Synodes des évêques et envers l’Exhortation du Pape François qu’il me paraît important de vous présenter ce document et de vous en faire un résumé. Il serait dommage, en effet, que l’on ignore cette Exhortation alors que sévit une véritable crise de foi dans les familles chrétiennes ici, aujourd’hui, comme dans plusieurs parties du monde.

Le principal défi qui nous est posé est celui de la transmission de la foi aux générations montantes. L’absence généralisée des jeunes générations dans nos églises et la chute des inscriptions en catéchèse en sont des signes évidents. Évacué de l’école, maquillé dans le langage civil officiel et dans les médias publics, souvent absent dans nos familles, le nom de Dieu n’est pas non plus bienvenu à l’occasion des grandes fêtes du christianisme. Hypocrisie et indifférence s’allient pour que le monde d’ici n’ait plus de références communes issues de vingt siècles de sagesse chrétienne. On a assimilé cette sagesse à une grande noirceur et ce qui constituait la base de la société, la famille, est laissée à elle-même voire démantelée par l’idéologie du genre, par la complaisance des lois et la suprématie de l’économie.

C’est dans ce contexte, qui comporte cependant l’espérance d’un meilleur environnement, que je vous présente un résumé de l’Exhortation apostolique Amoris laetitia – La joie de l’amour -. Je compléterai cette présentation la semaine prochaine en m’inspirant de l’Introduction de l’Exhortation. Puis, semaine après semaine, je présenterai chaque chapitre (pour certains chapitres il faudra plus d’une chronique).

Je souhaite vivement que cette Exhortation donne naissance à une sorte de mouvement d’évangélisation de la famille dans nos paroisses. C’est vraiment ce à quoi nous invite « le tournant missionnaire » qu’est invitée à prendre notre Église.

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite d’Youville

LA JOIE DE L’AMOUR (AMORIS LAETITIA) - Présentation (2)

Pour mieux comprendre la signification et le contenu de l’Exhortation La joie de l’amour. Nous allons, chaque semaine, examiner les concepts fondamentaux et quelques aspects de son contenu qui apparaissent les plus importants.

Disons tout d’abord que cette Exhortation, à la suite des deux synodes des évêques, rappelle les enseignements des prédécesseurs du pape François, des nombreuses catéchèses du pape François qui utilise les apports des plusieurs conférences épiscopales et des citations de personnalités significatives d’aujourd’hui.

L’Exhortation impressionne par son ampleur (250 pages, 9 chapitres, 300 paragraphes). Elle s’ouvre avec sept paragraphes introductifs (importants pour comprendre l’Exhortation) où le Pape se dit conscient de la complexité du thème abordé et de l’approfondissement qu’il requiert. Il affirme que les interventions des Pères du Synode lui ont paru un « magnifique polyèdre » (un objet qui a plusieurs faces), qui doit être préservé. En ce sens, le Pape écrit « que tous les débats doctrinaux, moraux ou pastoraux ne doivent pas être tranchés par des interventions magistérielles » (AL. N. 3).

Par conséquent, pour traiter certaines questions, « dans chaque pays ou région, peuvent être cherchées des solutions plus inculturées, attentives aux traditions et aux défis locaux. Car ‘les cultures sont très diverses entre elles et chaque principe général (…) a besoin d’être inculturé, s’il veut être observé et appliqué’ (AL n.3) ». Ce principe d’inculturation devient vraiment important même dans la manière de poser et de comprendre les problèmes, qui, au-delà des questions dogmatiques bien définies par le Magistère de l’Église, ne peut pas être « globalisée » (ou généralisée).

Et tout de suite, le Pape affirme de manière très claire qu’il faut surtout sortir de cette stérile opposition entre l’obsession du changement et l’application pure et simple des normes abstraites.

Il écrit : « Les débats qui se déroulent dans les moyens de communication ou bien dans les publications et même entre ministres de l’Église vont d’un désir effréné de tout changer sans une réflexion suffisante ou sans fondement, à la prétention de tout résoudre en appliquant des normes générales ou bien en tirant des conclusions excessives à partir de certaines réflexions théologiques » (AL n.2).

Ces remarques étant faites, nous pouvons maintenant aborder chacun des chapitres de l’Exhortation. La semaine prochaine : Chapitre premier : « À la lumière de la Parole ».

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite d’Youville

LA JOIE DE L’AMOUR (AMORIS LAETITIA) - Chapitre 1 : « À la lumière de la Parole »

Le Pape François nous rappelle en tout premier lieu que « La Bible abonde en familles, en générations, en histoires d’amour et en crises familiales, depuis la première page où entre en scène la famille d’Adam et d’Ève jusqu’à la dernière page où apparaissent les noces de l’Épouse et de l’Agneau (Ap21, 2.9) » (AL n.8). Il note ensuite que les deux maisons que Jésus décrit, l’une construite sur le sable, l’autre sur le roc (Mt7, 24-27) sont une expression symbolique de bien des situations familiales. Il nous invite ensuite à méditer avec lui le psaume 128.

Toi et ton épouse (n. 9 à 13). Au centre de cette maison sereine décrite dans le psaume 128, il y a le père et la mère en qui se réalise le projet de Dieu : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa » (Gn 1,27). On comprend que la fécondité du couple humain est le signe visible de l’acte créateur. Le couple qui aime et procrée est la vraie manifestation du Dieu créateur et sauveur. La relation féconde du couple devient l’image pour découvrir et décrire le mystère de Dieu. Le Dieu Trinité est communion d’amour, et la famille est son reflet vivant. Le chapitre 2 de la Genèse traite de l’homme qui « cherche une aide qui lui soit assortie ». C’est la rencontre avec un visage, un « tu » qui reflète l’amour divin. Le Cantique des cantiques exprime bien cette relation : « Mon bien-aimé est à moi, et moi à lui. Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi » (2,16;6,3).

Tes fils comme des plants d’oliviers (n. 14-18). Dans le psaume 128, les enfants qui accompagnent les parents sont comme « des plants d’olivier » (Ps 128,3), c’est-à-dire pleins d’énergie et de vitalité. Dans le Nouveau Testament, on parle de « l’Église qui se réunit à la maison », de l’Église domestique. La famille est ainsi une maison qui jouit de la présence de Dieu, de la prière commune, de la bénédiction du Seigneur. La Bible considère aussi la famille comme le lieu de la catéchèse des enfants. L’Évangile, enfin, nous rappelle que les enfants ne sont pas une propriété de la famille, mais qu’ils ont devant eux leur propre chemin de vie.

Un chemin de souffrance et de sang (n. 19 à 22). Le psaume 128 ne nie pas la réalité : c’est la présence de la douleur, du mal, de la violence qui brise la vie de la famille et son intime communion de vie et d’amour. Ce n’est pas pour rien que l’enseignement du Christ sur le mariage (Mt 19,3-9) est inséré dans une discussion sur le divorce. Le nouveau Testament témoigne aussi des difficultés familiales. Dans cet aperçu de la Bible, nous pouvons constater que la Parole de Dieu ne se révèle pas comme une séquence de thèses abstraites, mais comme une compagne de voyage, y compris pour les familles qui sont en crise ou qui souffrent.

Le labeur de tes mains (n.23 à 26). Au commencement du Psaume 128, le père est présenté comme un travailleur, qui par l’œuvre de ses mains peut assurer le bien-être physique et la sérénité de sa famille. Le livre des Proverbes présente également la tâche de la mère de famille dont le travail est décrit dans ses détails quotidiens (cf. 31,10-31). On comprend donc que le chômage et la précarité du travail deviennent une souffrance.

La tendresse de l’accolade (n. 27 à 30). Dans la perspective de l’amour, une autre vertu se démarque également : la tendresse. À chaque famille est présentée l’icône de la famille de Nazareth, avec sa vie quotidienne. Comme les Mages, les familles sont invitées à contempler l’Enfant et sa Mère; comme Marie, elles sont exhortées à vivre avec courage et sérénité leurs défis familiaux, tristes et enthousiasmants.

Résumé par Mgr Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville

LA JOIE DE L’AMOUR (AMORIS LAETITIA) - Chapitre 2 : La réalité et les défis de la famille (1e partie, n° 32 à 49)

La réalité de la famille est complexe. La famille aujourd’hui est pourvue d’une marge plus grande de liberté. La communication entre les époux améliore toute la cohabitation familiale. (AL 32) Une culture individualiste dénature les liens familiaux et engendre souffrances et agressivité. Dans beaucoup de pays, le nombre des mariages diminue; le nombre des personnes vivant seules augmente. (AL 33) La famille risque de se transformer en un lieu de passage auquel on a recours quand ça convient ou bien où l’on va réclamer ses droits. (AL 34) Nous devons présenter les raisons pour lesquelles nous optons pour le mariage et la famille: ils sont une grâce que Dieu nous offre. (AL35) Il nous faut avoir l’humilité de reconnaître que nous avons souvent présenté le mariage de telle manière que sa fin première, l’appel à grandir dans l’amour et l’idéal de soutien mutuel, a été négligée au profit du devoir de procréer. Nous n’avons pas non plus, bien accompagné les nouveaux mariages. (AL 36) Insister seulement sur les questions doctrinales, bioéthiques et morales sans envisager l’ouverture à la grâce ne suffit pas. Le mariage n’est plus alors un parcours dynamique de développement et d’épanouissement, mais un poids à supporter toute la vie. Il nous faut former les consciences et non se substituer à elles. (AL 37) Heureusement que la plupart des gens valorisent les relations familiales stables et le respect de l’autre. L’accompagnement et l’assistance de l’Église sont alors appréciés. Cela ouvre la porte à une pastorale positive accueillante, compatissante. (AL 38) Il faut prendre en compte la décadence culturelle qui ne promeut pas l’amour et le don de soi et qui encourage la culture du provisoire. (AL 39) Nous vivons dans une culture qui n’encourage pas les jeunes à fonder une famille. Il nous faut trouver les motivations et les témoins pour inviter les jeunes à accepter avec enthousiasme et courage le défi du mariage. (AL 40) Les Pères synodaux sont préoccupés par la diffusion de la pornographie et la commercialisation du corps. Beaucoup tendent à rester au stades primaires de la vie émotionnelle et sexuelle. D’où les séparations, les divorces et les situations familiales complexes et problématiques. (AL 41) Une mentalité antinataliste met en cause le renouvellement de générations et conduit à un appauvrissement économique. L’Église rejette de toutes ses forces les interventions coercitives de l’État face à la contraception, à la stérilisation ou même à l’avortement. (AL42) L’affaiblissement de la foi et de la pratique religieuse dans certaines sociétés affecte les familles et les laisse davantage seules avec leurs difficultés. (AL 43) La famille a droit à un logement décent, adapté à la vie familiale et proportionné au nombre de ses membres. (AL 44) Les nombreux enfants qui naissent en dehors du mariage et le nombre de ceux qui grandissent avec un seul parent ou dans le contexte d’une famille élargie ou reconstituée fait partie des réalités de la société actuelle. (AL 45) Les migrations sont un autre signe des temps qui influence la vie familiale. La mobilité humaine peut se révéler être une richesse tant pour la famille que pour le pays qui accueille. Mais la migration forcée déstabilise les familles. (AL 46) Les Synodes ont porté une attention particulière aux familles des personnes frappées par un handicap. Les familles qui acceptent avec amour un enfant handicapé méritent une grande admiration. Elles témoignent de la valeur de toute vie. (AL 47) Le nombre des personnes âgées tend à augmenter. Il faut valoriser la dernière phase de la vie. (AL 48) Il y a enfin les familles touchées par la misère. L’Église doit avoir à cœur de les comprendre, de les consoler, de les intégrer. (AL 49)

Résumé par Mgr Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville

LA JOIE DE L’AMOUR (AMORIS LAETITIA) - Chapitre 2 : La réalité et les défis de la famille (2e partie, n° 50 à 57)

Un premier défi consiste en la fonction éducative, rendue difficile parce que les parents arrivent à la maison fatigués et sans envie de parler. Il y a aussi une grande quantité d’activités qui sollicitent parents et enfants. Tout cela rend difficile la transmission de la foi. (AL 50)

La toxicomanie a été mentionnée comme une des plaies de notre époque qui fait souffrir de nombreuses familles et parfois les détruit. Il en est de même de l’alcoolisme, du jeu et de nombreuses addictions. Les familles qui résistent à ces maux sont celles où il y a une bonne communication, où les membres se soutiennent, où il y a des activités familiales. (AL 51)

Affaiblir la famille comme société naturelle fondée sur le mariage n’est pas une bonne chose pour la société. Aucune autre union n’assurera l’avenir de la société. Le défi est de savoir qui aujourd’hui soutient vraiment les familles. (AL 52)

Dans certains pays existe encore la pratique de la polygamie, ailleurs celle des mariages forcés, la cohabitation avant le mariage, la reconnaissance des conjoints de fait. Le défi est de reconnaître que la destruction « juridique » de la famille progresse. La force de la famille réside dans la capacité d’aimer et d’enseigner à aimer. (AL 53)

Si de notables améliorations ont eu lieu dans la reconnaissance du droit des femmes à intervenir dans l’espace public, il reste beaucoup à faire : la violence envers les femmes, les abus dans le cercle familial et diverses formes d’esclavage. (AL 54)

L’importance du père dans la famille pour la protection et le soutien de l’épouse et des enfants est capitale. L’absence du père marque gravement la vie familiale, l’éducation des enfants et leur insertion dans la société. (AL 55)

Un autre défi apparait sous diverses formes : l’idéologie du « genre » qui nie la différence naturelle entre un homme et une femme. Elle prône une société sans différence de sexe. Cette idéologie influence les projets éducatifs et les projets de loi. (AL 56)

Le Pape François termine ce chapitre en remerciant Dieu du fait que beaucoup de familles vivent dans l’amour, réalisent leur vocation et vont de l’avant. Quant aux réalités qui ont été évoquées, ce sont des défis qui appellent une créativité missionnaire. (AL 57)

Résumé par Mgr Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville

LA JOIE DE L’AMOUR (AMORIS LAETITIA) - Chapitre 3 : Le regard posé sur Jésus : La vocation de la famille (n° 58 à 88)

Tout discours sur la famille doit s‘inscrire dans le cadre du kérygme, donc à la lumière de l’amour infini du Père, manifesté dans le Christ qui s’est donné jusqu’au bout et qui est vivant parmi nous. (AL 58-60)

JÉSUS REPREND ET CONDUIT À SA PLÉNITUDE LE PROJET DIVIN (AL 61-66). Le Nouveau Testament enseigne que le mariage est bon, qu’il est un don qui doit être protégé. Ce don inclut la sexualité. Les Pères synodaux ont rappelé que Jésus réaffirme l’union indissoluble entre l’homme et la femme. Jésus qui a réconcilié toutes choses en lui a ramené le mariage à sa forme originelle (Mc 10,1-12). La famille et le mariage ont été rachetés par le Christ, restaurés à l’image de la sainte Trinité. Le mariage et la famille reçoivent la grâce nécessaire pour témoigner de l’amour de Dieu et vivre la vie de communion.

LA FAMILLE DANS LES DOCUMENTS DE L’ÉGLISE (AL 67-70). Les propos du Pape François, dans cette Exhortation, se fondent sur les documents romains parus depuis le Concile Vatican II. Il suffit ici de les mentionner : Gaudium et spes de Vatican II; Humanae vitae et surtout Evangelii nuntiandi de Paul VI; les catéchèses de Jean-Paul II sur l’amour humain, sa lettre aux familles Gravissimam sane et son Exhortation Familiaris consortio.

LE SACREMENT DE MARIAGE (AL 71-75). L’Écriture et la Tradition nous montrent que la famille est l’image de Dieu Trinité. Jésus l’a élevée au rang de signe sacramentel et, par l’Église, le mariage et la famille reçoivent la mission de témoigner de l’Évangile de l’amour de Dieu. Le sacrement de mariage est un don pour la sanctification et le salut des époux qui représentent le rapport du Christ à l’Église. Le mariage chrétien rend présent l’amour du Christ dans la communion des époux. L’union sexuelle, vécue de manière humaine et sanctifiée par le sacrement, est en retour un chemin de croissance dans la vie de grâce des époux. La valeur de l’union des corps est exprimée dans des paroles de consentement, où ils se sont acceptés et se sont donnés l’un à l’autre pour partager toute leur vie.

SEMENCES DU VERBE ET SITUATIONS IMPARFAITES (AL 76-79). Le regard du Pape inclut des « situations imparfaites ». Il dit : « Le discernement de la présence des « germes de la Parole » dans les autres cultures peut être appliqué aussi à la réalité conjugale et familiale ». Face aux situations difficiles et aux familles blessées, il faut toujours rappeler un principe général : “Les pasteurs doivent savoir qu’ils ont l’obligation de bien discerner les différentes situations”. Le degré de responsabilité n’est pas le même dans tous les cas et il peut exister des facteurs qui limitent la capacité de décision. »

LA TRANSMISSION DE LA VIE ET L’ÉDUCATION DES ENFANTS (AL 80-85). Le mariage est en premier lieu une « communauté profonde de vie et d’amour » qui constitue un bien pour les époux eux-mêmes et la sexualité est ordonnée à l’amour conjugal de l’homme et de la femme. L’enfant est le fruit de leur amour. La famille est donc le sanctuaire de la vie, le lieu où la vie est engendrée et protégée. La valeur d’une vie humaine est grande et le droit à la vie de l’enfant innocent qui grandit dans le sein maternel est si inaliénable qu’on ne peut la supprimer.

LA FAMILLE ET L’ÉGLISE (AL 86-88). L’Église admire et remercie les familles qui sont fidèles aux engagements de l’Évangile. L’Église est une famille de familles, constamment enrichie par la vie de toutes les Églises domestiques. L’Église est un bien pour la famille, mais la famille est aussi un bien pour l’Église. Il revient à l’Église comme à la famille de protéger le don sacramentel du Seigneur.

Résumé par Mgr Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville

LA JOIE DE L’AMOUR (AMORIS LAETITIA) - Chapitre 4 : L’amour dans le mariage (n° 89 à 164)

Le quatrième chapitre aborde l’amour dans le mariage en s’inspirant de « l’hymne à l’amour » de saint Paul en 1 Co 13,4-7. Ce chapitre est une véritable exégèse attentive, détaillée, inspirée et poétique du texte paulinien. C’est un ensemble de fragments d’un discours amoureux prêt à décrire l’amour humain dans des termes tout à fait concrets.

On est impressionné par la capacité d’introspection psychologique qui marque cette exégèse. L’approfondissement psychologique entre dans le monde des émotions des conjoints (positives ou négatives) et dans la dimension érotique de l’amour. Il s’agit d’une contribution très riche pour la vie chrétienne des conjoints, que l’on n’avait jamais vue dans des documents pontificaux précédents.

Ce chapitre quatrième constitue, à sa manière, un traité sur l’amour, mais pleinement conscient de la quotidienneté de l’amour qui s’oppose à tout idéalisme. À ce propos, le Pape écrit : Il ne faut pas faire peser sur deux personnes ayant leurs limites la terrible charge d’avoir à reproduire de manière parfaite l’union qui existe entre le Christ et l’Église; parce que le mariage, en tant que signe, implique un processus dynamique qui va peu à peu de l’avant grâce à l’intégration progressive des dons de Dieu. (AL 122)

Le Pape insiste sur le fait que « dans la nature même de l’amour conjugal il y a l’ouverture au définitif » :

Celui qui vit intensément la joie de se marier ne pense pas à quelque chose de passager; ceux qui assistent à la célébration d’une union pleine d’amour, bien que fragile, espèrent qu’elle pourra durer dans le temps; les enfants, non seulement veulent que leurs parents s’aiment, mais aussi qu’ils soient fidèles et restent toujours ensemble. (AL 123)

La joie matrimoniale implique d’accepter que le mariage soit un mélange nécessaire de satisfactions et d’efforts, de tensions et de repos, de souffrances et de libérations, de satisfactions et de recherches, d’ennuis et de plaisirs, toujours sur le chemin de l’amitié qui pousse les époux à prendre soin l’un de l’autre : ils s’aident et se soutiennent mutuellement. (AL 128)

Le chapitre quatrième conclut avec une importante réflexion sur la « transformation de l’amour » puisque la prolongation de la vie conduit à quelque chose qui n’était pas fréquent à d’autres époques : la relation intime et l’appartenance réciproque doivent se conserver durant quatre, cinq ou six décennies, et cela se convertit en une nécessité de se choisir réciproquement sans cesse. (AL 163)

L’aspect physique change et l’attrait amoureux ne diminue pas mais il change : le désir sexuel peut devenir avec le temps un désir d’intimité et de « complicité ». Nous ne pouvons pas nous promettre d’avoir les mêmes sentiments durant toute la vie. En revanche, oui, nous pouvons avoir un projet commun stable, nous engager à nous aimer et à vivre unis jusqu’à ce que la mort nous sépare, et à vivre toujours une riche intimité. (AL 163)

Résumé par Mgr Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville

LA JOIE DE L’AMOUR (AMORIS LAETITIA) - Chapitre 5 : L’amour qui devient fécond (n° 165 à 198)

Le cinquième chapitre est centré sur la fécondité et sur la générativité de l’amour. Ainsi les époux, tandis qu’ils se donnent l’un à l’autre, donnent au-delà d’eux-mêmes un être réel, l’enfant, reflet vivant de leur amour, signe permanent de l’unité conjugale et synthèse vivante de leur être de père et de mère. (n. 165) On y parle d’une manière spirituelle et psychologiquement profonde de fait de recevoir une nouvelle vie (166-167), de l’attente propre à la grossesse (168-171), de l’amour de la mère et du père (172-177). On parle aussi de la fécondité élargie à l’adoption et à la promotion d’une culture de la rencontre (178-186). De la vie de la famille élargie, avec la présence des oncles, cousins, grands-parents, amis …

familleAmoris laetitia ne s’arrête pas à la famille « mononucléaire » mais elle considère la famille comme un large réseau de relations. La mystique du sacrement de mariage a aussi un profond caractère social. (186) Et à l’intérieur de cette dimension le Pape souligne en particulier aussi bien le rôle spécifique de la relation entre jeunes et anciens (191-193) que la relation entre frères et sœurs en tant que pratique de croissance dans les relations mutuelles (194-196).

Cette grande famille devrait inclure avec beaucoup d‘amour les mères adolescentes, les enfants sans père, les femmes seules qui doivent assurer l’éducation de leurs enfants, les personnes porteuses de divers handicaps qui ont besoin de beaucoup d’affection et de proximité, les jeunes qui luttent contre l’addiction, les célibataires, les personnes séparées de leurs conjoints ou les personnes veuves qui souffrent de solitude, les personnes âgées ainsi que les malades qui ne reçoivent pas le soutien de leurs enfants et « mêmes les plus brisés dans leur conduite de vie » en font partie. (197)

Enfin, on ne peut oublier que dans cette grande famille, il y a aussi le beau-père, la belle-mère et tous les parents du conjoint… L’amour conjugal exige de les respecter, de les comprendre, de prendre soin d’eux tout en préservant l’autonomie et l’intimité du foyer. (197)

Résumé par Mgr Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville

LA JOIE DE L’AMOUR (AMORIS LAETITIA) - Chapitre 6 : Quelques perspectives pastorales (n° 199 à 258)

Le Synode des évêques avait souligné la nécessité de chercher de nouveaux chemins pastoraux. Le Pape François, dans ce chapitre, les expose de manière générale en s’arrêtant sur quelques-uns des grands défis pastoraux. (199)

ANNONCER L’ÉVANGILE DE LA FAMILLE AUJOURD’HUI (200-204)

Les familles chrétiennes, par la grâce du sacrement de mariage, sont les principaux acteurs de la pastorale familiale; elles sont sujets, et non seulement objet, de l’évangélisation. La paroisse offre la contribution principale à la pastorale familiale. Elle est une famille de familles. Les prêtres et autres intervenants pastoraux ont besoin d’être mieux formés pour traiter des problèmes complexes de la famille d’aujourd’hui.

GUIDER LES FIANCÉS SUR LE CHEMIN DE LA PRÉPARATION AU MARIAGE (205-216)

La situation sociale complexe et les défis auxquels la famille est appelée à faire face exigent de toute la communauté chrétienne davantage d’efforts pour s’engager dans la préparation au mariage des futurs époux. La préparation au mariage doit s’enraciner dans l’itinéraire de l’initiation chrétienne. Tout récemment le pape François parlait de la nécessité d’un catéchuménat en vue du sacrement de mariage. La communauté chrétienne et les personnes spécifiquement désignées pour accompagner les fiancés doivent les aider à se bien connaître pour éviter un échec, à approfondir leur amour. La préparation au mariage suppose une sérieuse et longue préparation. La préparation immédiate doit se centrer sur la célébration liturgique et notamment sur les lectures bibliques choisies.

ACCOMPAGNER DANS LES PREMIÈRES ANNÉES DE LA VIE MATRIMONIALE (217-230)

Le mariage est une question d’amour et non seulement d’attraction ou de sentiment vague. Étant donné que ces confusions sont fréquentes, il s’avère indispensable d’accompagner les premières années de la vie matrimoniale pour enrichir et approfondir la décision de s’appartenir et de s’aimer jusqu’à la fin. Le mariage demeure un projet à construire ensemble avec patience, compréhension, tolérance et générosité. Le oui qu’ils ont échangé est le début d’un itinéraire. La paroisse devrait pouvoir offrir des couples expérimentés pour accompagner des jeunes couples, avec le concours d’associations, de mouvements ecclésiaux et de communautés nouvelles.

ÉCLAIRER LES CRISES, LES ANGOISSES ET LES DIFFICULTÉS (231-252)

L’histoire d’une famille est jalonnée de crises en tout genre qui font aussi partie de sa dramatique beauté. Il faut aider à découvrir qu’une crise surmontée ne conduit pas à une relation de moindre intensité, mais conduit à améliorer, affermir et mûrir l’union. Pour affronter la crise, il faut ne pas la nier, il faut être présent. Il y a aussi des cas où la séparation est inévitable. Il faut accompagner les personnes abandonnées, séparées et divorcées en recourant aux récentes réformes des procédures pour la reconnaissance de nullité matrimoniale. Mais la tâche la plus importante envers les familles consiste à renforcer l’amour et à guérir les blessures de sorte que nous puissions prévenir la progression de ce drame de notre époque. La partie finale du chapitre 6 (253-257) intitulée « Quand la mort transperce de son aiguillon », propose une réflexion pastorale sur la mort de l’un ou l’autre membre de la famille.

Résumé par Mgr Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville

LA JOIE DE L’AMOUR (AMORIS LAETITIA) - Chapitre 7 : Renforcer l’éducation des enfants (n° 259 à 290)

OÙ SONT LES ENFANTS ? (260-262)
La famille étant un lieu de protection, d’accompagnement, d’orientation des enfants, les parents doivent s’interroger sur ceux qui sont chargés de leur divertissement et de leurs loisirs, sur ceux qui entrent dans leurs chambres à travers les écrans, sur ceux à qui ils les confient pour qu’ils les guident dans leur temps libre. Il faut toujours rester vigilant. Mais l’obsession n’éduque pas, et on ne peut pas avoir sous contrôle toutes les situations. Il faut donc préparer les enfants à affronter les défis et créer chez eux, par beaucoup d’amour, des processus  de maturation et de liberté authentique.

LA FORMATION MORALE DES ENFANTS (263-267)
Les parents ne peuvent jamais déléguer complètement la formation morale de leurs enfants. La tâche des parents inclut une éducation de la volonté et un développement de bonnes habitudes et de tendances affectives au bien. Une formation éthique efficace implique de montrer à la personne jusqu’à quel point bien agir est bénéfique pour elle. Si pendant longtemps on n’a pas été habitué, grâce à l’insistance des adultes, à dire « s’il vous plait », « pardon », « merci », la bonne disposition intérieure ne suffira pas.

LA VALEUR DE LA SANCTION COMME STIMULATION (268-270)
L’enfant ou l’adolescent doit se rendre compte que les mauvaises actions ont des conséquences. La correction est une stimulation lorsqu’on valorise et reconnait aussi les efforts et que l’enfant découvre que ses parents gardent une confiance patiente envers lui. Il est fondamental que la discipline ne devienne pas une inhibition du désir, mais une stimulation pour aller plus loin.

RÉALISME PATIENT (271- 273)
L’éducation morale implique de demander à un enfant ou à un jeune uniquement ces choses qui ne représentent pas un sacrifice disproportionné et de n’exiger de lui que ce qui ne provoque ni ressentiment ni actions trop forcées. Il est nécessaire de les aider à faire un cheminement de guérison si leur monde intérieur est blessé de sorte qu’ils puissent arriver à se comprendre et à se réconcilier avec les êtres humains et avec la société. Enfin, lorsqu’on propose des valeurs, il faut aller progressivement, selon l’âge et les possibilités concrètes des personnes.

LA VIE FAMILIALE COMME LIEU D’ÉDUCATION (274-279)
La famille est la première école des valeurs où l’on apprend l’utilisation correcte de la liberté. On peut aussi y apprendre à discerner de manière critique les messages des médias. Une tâche très importante des familles est d’éduquer à la patience. Elle est le lieu de la première socialisation. La tâche de l’éducation est d’éveiller à comprendre le monde et la société comme foyer.

OUI À L’ÉDUCATION SEXUELLE (280-286)
On peut se demander si nos institutions éducatives relèvent ce défi de l’éducation sexuelle à une époque où la sexualité est banalisée et appauvrie. Elle ne peut être comprise que dans le cadre d’une éducation à l’amour et au don de soi réciproque.

TRANSMETTRE LA FOI (287-290)
L’éducation des enfants doit être caractérisée par un cheminement de la foi. La famille doit être le lieu où l’on enseigne à percevoir les raisons et la beauté de la foi, à prier et à servir le prochain. Cela suppose que les parents vivent l’expérience réelle de la confiance en Dieu. C’est ainsi que la famille devient à son tour évangélisatrice et sujet de l’action pastorale.

Résumé par Mgr Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville

LA JOIE DE L’AMOUR (AMORIS LAETITIA) - Chapitre 8 : Accompagner, discerner et intégrer la fragilité (1e partie, n° 291 à 300)

Le huitième chapitre constitue une invitation à la miséricorde et au discernement pastoral face à des situations qui ne répondent pas pleinement à ce que le Seigneur propose. Le Pape utilise trois verbes très importants « accompagner, discerner et intégrer », qui sont fondamentaux pour traiter des situations de fragilité, complexes ou irrégulières. Pour lire ce chapitre, il faut se rappeler que « souvent la mission de l’Église ressemble à celle d’un hôpital de campagne ». (291) Le pape confirme ce qu’est le mariage chrétien et il ajoute que « d’autres formes d’union contredisent radicalement cet idéal, mais certaines le réalisent au moins en partie. Par conséquent, « l’Église ne cesse de valoriser les éléments constructifs dans ces situations qui ne correspondent pas encore ou qui ne correspondent plus à son enseignement sur le mariage ». (292)

LA GRADUALITÉ DANS LA PASTORALE (294-295)
Pour faire face à ces situations, qui sont souvent choisies à cause de la culture, de la mentalité générale, il convient d’identifier les éléments positifs qui peuvent favoriser l’évangélisation. Et pour accompagner avec patience et délicatesse ces diverses situations, il faut faire appel au principe de gradualité. « Ce n’est pas une “gradualité de la loi”, mais une gradualité dans l’accomplissement prudent des actes libres de la part des sujets qui ne sont dans des conditions ni de comprendre, ni de valoriser, ni d’observer pleinement les exigences objectives de la loi. ».

LE DISCERNEMENT DES SITUATIONS DITES « IRRÉGULIÈRES ». (296-300)
Le Pape observe « qu’il faut éviter des jugements qui ne tiendraient pas compte de la complexité des diverses situations; il est également nécessaire d’être attentif à la façon dont les personnes vivent et souffrent à cause de leur condition ». (296) Et il continue : « Il s’agit d’intégrer tout le monde. On doit aider chacun à faire partie de la communauté ecclésiale, pour qu’il se sente objet d’une miséricorde imméritée, inconditionnelle et gratuite ».  (297) Et encore : « Les divorcés engagés dans une nouvelle union, par exemple, peuvent se retrouver dans des situations très différentes, qui ne doivent pas être cataloguées ou enfermées dans des affirmations trop rigides sans laisser de place à un discernement personnel et pastoral approprié ». (298)

Le Pape affirme ensuite que « les baptisés divorcés et remariés civilement doivent être davantage intégrés dans les communautés chrétiennes selon les diverses façons possibles, en évitant toute occasion de scandale ». (299) « Non seulement ils ne doivent pas se sentir excommuniés, mais ils peuvent vivre et mûrir comme membres vivants de l’Église […] Cette intégration est nécessaire également pour le soin et l’éducation chrétienne de leurs enfants, qui doivent être considérés comme les plus importants ». (299) Autre affirmation extrêmement importante : « Si l’on tient compte de l’innombrable diversité des situations concrètes (…) on peut comprendre qu’on ne devait pas attendre de cette Exhortation une nouvelle législation générale applicable à tous les cas. Il faut seulement un nouvel encouragement au discernement responsable personnel et pastoral des cas particuliers, qui devrait reconnaître que, étant donné que “le degré de responsabilité n’est pas le même dans tous les cas”, les conséquences ou les effets d’une norme ne doivent pas nécessairement être toujours les mêmes ». (300)

Un résumé de Mgr Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville

LA JOIE DE L’AMOUR (AMORIS LAETITIA) - Chapitre 8 : Accompagner, discerner et intégrer la fragilité (2e partie, n° 301 à 312)

Le Pape François développe les exigences et les caractéristiques de l’accompagnement et du discernement dans un dialogue profond entre fidèles et pasteurs.

LES CIRCONSTANCES ATTÉNUANTES DANS LE DISCERNEMENT PASTORAL
À cette fin, il appelle l’Église à réfléchir sur les conditionnements et sur les circonstances atténuantes par rapport à l’imputabilité et à la responsabilité des actions (301).  En ce qui concerne ces conditionnements, le Catéchisme de l’Église catholique s’exprime clairement : « L’imputabilité et la responsabilité d’une action peuvent être diminuées voire supprimées par l’ignorance, l’inadvertance, la violence, la crainte, les habitudes, etc. (302). À partir du poids des conditionnements concrets, nous pouvons ajouter que la conscience des personnes doit être mieux prise en compte par la praxis de l’Église dans certaines situations qui ne réalisent pas objectivement notre conception du mariage (303).

LES NORMES ET LE DISCERNEMENT
Certes, les normes générales présentent un bien qu’on ne doit jamais ignorer ni négliger, mais dans leur formulation, elles ne peuvent pas embrasser toutes les situations particulières. Précisément pour cette raison, ce qui fait partie d’un discernement pratique face à une situation particulière ne peut être élevé à la catégorie d’une norme (304). Par conséquent, un pasteur ne peut pas se sentir satisfait en appliquant seulement les lois morales à ceux qui vivent des situations « irrégulières » comme si elles étaient des pierres qui sont lancées à la vie des personnes (305). En toutes circonstances, face à ceux qui ont des difficultés à vivre pleinement la loi divine, doit résonner l’invitation à parcourir la voie de la charité fraternelle (306).

LA LOGIQUE DE LA MISÉRICORDE PASTORALE
Afin d’éviter des équivoques, le Pape François réaffirme avec force : « Comprendre les situations exceptionnelles n’implique jamais d’occulter la lumière de l’idéal dans son intégralité ni de proposer moins que ce que Jésus offre à l’être humain. Aujourd’hui, plus important qu’une pastorale des échecs c’est l’effort pastoral pour consolider les mariages et prévenir ainsi les ruptures » (307). Cependant, de notre prise de conscience relative au poids des circonstances atténuantes, il résulte qu’il faut accompagner avec miséricorde et patience ces personnes, ouvrant ainsi la voie à la miséricorde du Seigneur (308). Il est providentiel que ces réflexions aient lieu dans le contexte d’une Année jubilaire consacrée à la miséricorde, car face aux situations qui affectent les familles, l’Église a mission d’annoncer la miséricorde du Seigneur (309). Nous ne pouvons pas oublier que la miséricorde n’est pas seulement l’agir du Père, mais elle devient le critère pour comprendre qui sont ses véritables enfants (310). L’enseignement de la théologie morale ne devrait pas cesser d’intégrer ces considérations (311). Et le Pape de conclure ce chapitre : « J’invite les fidèles qui vivent dans des situations compliquées, à s’approcher avec confiance de leurs pasteurs […] Et j’invite les pasteurs à écouter avec affection et sérénité le cœur du drame des personnes et de comprendre leur point de vue pour les aider à mieux vivre et à reconnaître leur place dans l’Église » (312).

Un résumé de Mgr Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville

LA JOIE DE L’AMOUR (AMORIS LAETITIA) - Chapitre 9 : Spiritualité conjugale et familiale (n° 313 à 325)

Le Concile Vatican II affirmait déjà que la spiritualité des laïcs doit revêtir des caractéristiques particulières suivant les conditions de vie de chacun, y compris l’état de vie conjugale et familiale. Ce dernier chapitre les décrit (313).

SPIRITUALITÉ DE LA COMMUNION SURNATURELLE (314-316)
Nous avons l’habitude de dire que Dieu habite dans le cœur de la personne qui vit dans sa grâce. Aujourd’hui, nous pouvons dire également que la Trinité est présente dans le temple de la communion matrimoniale (314). La présence du Seigneur se manifeste dans la famille réelle et concrète, avec toutes ses souffrances, ses luttes, ses joies et ses efforts quotidiens. La spiritualité de l’amour familial est faite de milliers de gestes réels et concrets. En définitive, la spiritualité matrimoniale est la spiritualité du lien habité par l’amour divin (315). Et ceux qui sont animés de profond désirs de spiritualité ne doivent pas croire que la famille les éloigne de la croissance dans la vie de l’Esprit, mais qu’elle constitue un chemin pour aller plus loin (316).

ENSEMBLE EN PRIÈRE À LA LUMIÈRE DE PÂQUES (317-318)
Si la famille parvient à se concentrer dans le Christ, il unifie et illumine toute la vie familiale. Les douleurs et les angoisses sont vécues en communion avec la croix du Seigneur. D’autre part, les moments de joie, le repos ou la fête et même la sexualité sont vécus comme une participation à la vie pleine de la résurrection (317). La prière en famille est un moyen privilégié pour exprimer et renforcer cette foi pascale. La prière communautaire atteint son point culminant dans la participation à la liturgie ensemble (318).

SPIRITUALITÉ DE L’AMOUR EXCLUSIF ET LIBRE (319-320)
Dans le mariage, on vit également le sens de l’appartenance complète à une seule personne. Les époux assument ce défi et le désir de vieillir et de se consumer ensemble et ainsi ils reflètent la fidélité de Dieu. Cela n’aurait pas de sens spirituel s’il s’agissait uniquement d’une loi vécue avec résignation (319). Il y a un point où l’amour des conjoints atteint sa plus grande libération et devient une lieu d’autonomie saine : lorsque chacun découvre que l’autre n’est pas sien, mais qu’il a un maître beaucoup plus important, son unique Seigneur. L’espace exclusif que chacun des conjoints réserve à ses relations dans la solitude avec Dieu, permet de trouver dans l’amour de Dieu le sens de sa propre existence (320).

SPIRITUALITÉ DE L’ATTENTION, DE LA CONSOLATION ET DE L’ENCOURAGEMENT (321-324).
Prendre soin les uns des autres, s’encourager les uns les autres fait partie de la spiritualité familiale (321). Chaque membre de la famille est « pêcheur d’hommes » qui, au nom de Jésus, jette les filets dans les autres, ou un laboureur qui travaille cette terre fraîche que sont nos proches, en stimulant le meilleur en eux (322). C’est une profonde expérience spirituelle de contempler chaque proche avec les yeux de Dieu et de reconnaître le Christ en lui (323). Sous l’impulsion de l’Esprit, le cercle familial non seulement accueille la vie en la procréant dans son propre sein, mais il s’ouvre, sort de soi pour répandre son bien sur d’autres, pour les protéger et chercher leur bonheur (324).

CONCLUSION (325)
Aucune famille n’est une réalité céleste et constituée une fois pour toutes, mais la famille exige une maturation progressive de sa capacité d’aimer. Cheminons, familles, continuons à marcher!

Un résumé de Mgr Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville

UNE SEMAINE SAINTE

Comment faire pour que cette semaine soit vraiment une semaine sainte? En suivant, au jour le jour, la liturgie de la semaine sainte.

Aujourd’hui, nous célébrons le dimanche des Rameaux. En fait, il s’agit plutôt du Dimanche de la Passion. Nous y lisons le récit de la Passion du Seigneur selon saint Matthieu. Cet évangile donne le ton à toute la semaine et nous montre comment Dieu se fait proche de nous, par sa passion, sa mort et sa résurrection.

La messe chrismale. C’est la seule célébration eucharistique annuelle à laquelle tous les diocésains, prêtres, laïcs et religieux, sont convoqués par l’Évêque.  C’est le moment de l’année où nous nous affirmons comme Église du Christ, comme Église particulière en communion avec l’Église universelle. L’Évêque y bénit les huiles qui servent au Baptême, à l’onction des catéchumènes, à la Confirmation, à l’Ordination des prêtres, au sacrement des malades. Les ministres de l’Église y refont leur promesse et l’Évêque, dans son homélie, livre à son Église un message toujours pertinent, cette année, sur notre vocation de disciples-missionnaires. Je sais bien que tout le monde ne peut y être présent. Chaque paroisse doit y être représentée. Mais ce serait intéressant, qu’une fois dans sa vie, chaque chrétien puisse faire cette expérience d’Église.

Le Jeudi saint. La célébration du Jeudi saint est fixée le plus souvent dans la soirée pour que le plus possible de gens puissent y participer. Nous y célébrons l’institution de l’Eucharistie et du service ministériel signifié par le lavement des pieds. L’Eucharistie du Jeudi saint réactualise la première eucharistie où Jésus, au milieu des Apôtres, pose les gestes et prononce les paroles qui seront au cœur de toute Eucharistie célébrée en mémoire de lui. L’Eucharistie se prolonge par un temps d’adoration. Ne pouvons-nous pas passer une heure avec Lui…

Le Vendredi saint. Le Vendredi saint est tout centré sur le Christ en Image1croix. Il n’y a pas d’Eucharistie ce jour-là, mais lecture de la passion selon saint Jean. Les prières universelles revêtent tout leur sens, car elles rejoignent toutes les catégories qui peuplent notre monde. Et puis, nous vénérons la croix. Les fidèles sont invités à faire une offrande pour aider l’Église qui est en Terre Sainte à survivre aux épreuves qui la tiennent captive et souffrante.

Et c’est le silence jusqu’à la veillée pascale…

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville.

PÂQUES

À vous qui lisez cette chronique, aux cinq paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville, je souhaite de Joyeuses Pâques. Nous nous souhaitons « Joyeuses Pâques » comme nous nous souhaitons « Joyeux Noël » ou « Bonne année ». Mais ces souhaits sont porteurs du message que chacun veut bien y mettre. Permettez que je vous dise ce que je veux dire quand je vous souhaite « Joyeuses Pâques ».

Bien sûr, tout d’abord, je souhaite que la vie du Christ ressuscité soit en Image1vous, qu’elle vous inspire et vous guide tout au long de votre vie jusqu’à la rencontre finale et plénière avec Lui, avec le Père et l’Esprit.

Je souhaite que le Christ ressuscité habite le cœur de ceux et celles qui souffrent dans leur corps et dans leur esprit : qu’ils s’entendent dire les premières paroles du Ressuscité aux Apôtres, « La Paix soit avec vous ».

Je souhaite vivement que le Christ ressuscité, le Christ vivant, habite vos familles, qu’il les rassemble et les unisse, qu’il soit à table avec elles comme il le fut avec les disciples d’Emmaüs; qu’il les éclaire et leur procure « la joie de l’amour ».

Je souhaite que le Christ ressuscité touche le cœur des jeunes; que sa Bonne nouvelle les éclaire, que son Évangile les captive; qu’Il leur donne le goût d’une vie belle où règne la paix, la justice et l’amour.

Aux cinq communautés paroissiales qui forment l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville, je souhaite que la fête de Pâques suscite une nouvelle vitalité, que vos paroisses soient de vraies communautés; que chaque dimanche soit comme Pâques et rassemble un plus grand nombre de baptisés; que vos communautés se sentent envoyées porter au monde concret dans lesquels vous vivez l’amour miséricordieux de Dieu, la paix du Seigneur, que vous deveniez vraiment des disciples missionnaires, des témoins de la foi.

En vous exprimant ces vœux, avec les autres membres de l’équipe pastorale, je remercie tous ceux et celles qui ont apporté une collaboration particulière durant le carême, la semaine sainte et la fête de Pâques. Heureux temps pascal! Que Dieu vous bénisse en abondance!

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville

LE DIMANCHE DE LA DIVINE MISÉRICORDE

Autrefois, nous parlions des dimanches « après Pâques ». Depuis la réforme liturgique du Concile Vatican II, nous parlons des « dimanches de Pâques ». C’est ainsi qu’aujourd’hui, nous célébrons le deuxième dimanche de Pâques. Le dimanche est toujours un dimanche de Pâques, spécialement durant le temps pascal, qui se termine avec la Pentecôte.

Or, en ce deuxième dimanche de Pâques, comme pour nous rappeler une des caractéristiques de la fête de la Pâques, nous célébrons la miséricorde divine. Bien sûr, tout le carême nous invitait à la rencontre de la miséricorde divine, comme par anticipation, car c’est dans la mort et la résurrection du Christ que se manifeste au plus haut point la miséricorde Dieu. D’ailleurs, dans la formule que le prêtre emploie pour donner l’absolution, la miséricorde est première : « Que Dieu notre Père vous montre sa miséricorde. Par la mort et la résurrection de son Fils, il a réconcilié le monde avec lui et il a envoyé l’Esprit Saint pour le pardon des péchés. Par le ministère de l’Église, qu’il vous donne le pardon et la paix. Suit alors l’absolution sacramentelle : Et moi, au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit, je vous pardonne tous vos péchés ». On voit bien que Dieu montre sa miséricorde en vertu de la mort et de la résurrection de son Fils de même que par l’envoi de son Fils.

Pourquoi alors faut-il un dimanche de la miséricorde divine? D’une part en raison des textes bibliques de ce dimanche qui insistent sur la miséricorde. Mais surtout parce que, à l’occasion de la canonisation de Sœur Faustine Kowalska, le saint pape Jean-Paul II disposa que dans le Missel romain, au titre de deuxième dimanche de Pâques on ajoute désormais l’appellation ou de la miséricorde.

La Parole de Dieu proclamée en ce deuxième dimanche de Pâques souligne donc, comme je l’ai annoncé plus haut, la miséricorde divine. La première lettre de saint Pierre Apôtre proclame : Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ : dans sa grande miséricorde, il nous a fait renaître pour une vivante espérance grâce à la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts… Et puis l’Évangile nous rapporte les premières paroles du Christ ressuscité : Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez les péchés, ils seront remis, à qui vous maintiendrez les péchés (car il est nécessaire de se repentir), ils seront maintenus. C’est pourquoi on peut dire en ce deuxième dimanche de Pâques que Pâques est la fête où l’Église reçoit le pouvoir de pardonner tout péché dont on se repent, c’est pour cela qu’elle reçoit de Jésus le Saint Esprit. (Urs von Balthazar).

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville

VISITE AD LIMINA

La visite ad limina apostolorum (aux tombeaux des Apôtres) permet aux évêques de rencontrer le Pape et ses principaux collaborateurs environ tous les cinq ou six ans. La dernière visite des évêques du Québec a eu lieu en 2006. La longue maladie du pape Jean-Paul II et la renonciation du Pape Benoît XVI à ses fonctions en 2013, ont perturbé l’ordre des visites ad limina de sorte que ce n’est que 11 ans après la dernière visite que les évêques du Québec ont la possibilité d’effectuer cette visite : elle aura lieu du 2 mai au 14 mai 2017 et est précédée d’une retraite spirituelle.

La visite est précédée d’une longue préparation qui permet aux évêques du Québec de préparer un rapport sur l’état de l’Église au Québec, lequel rapport a déjà été envoyé au Pape François; il sera normalement rendu public, mais seulement après la visite. Une des particularités de cette visite est que les évêques émérites sont aussi invités à y participer. Je me joindrai donc aux autres évêques du Québec, mais sans participer à la retraite préalable; je serai donc absent du 28 avril au 14 mai inclusivement.

La première lecture du 2e dimanche de Pâques tirée des Actes des Apôtres nous révèle assez bien les caractéristiques d’une communauté chrétienne et en même temps du type de relation qui doit exister entre les Évêques et l’Évêque de Rome : 1) L’assiduité à l’enseignement des Apôtres; 2) l’assiduité à la communion fraternelle; 3) l’assiduité à la Fraction du Pain (Eucharistie) et aux prières. La visite comprend en effet un long entretien avec le Pape François qui est prévu pour le 11 mai (la veille de son départ pour Fatima à l’occasion du 100e anniversaire des apparitions). Les évêques ont en quelque sorte pris le relais des Apôtres dans leur enseignement et ils se portent garants de la fidélité de cet enseignement avec l’Évangile. Il est donc important que le Successeur de Pierre rencontre les évêques pour dialoguer avec eux sur les défis que pose l’enseignement de l’Église aujourd’hui et s’ajustent au besoin pour une meilleure efficacité de l’enseignement de l’Église. La rencontre avec le Pape et ses collaborateurs permet aussi de renforcer la communion fraternelle qui est nécessaire à l’unité de l’Église.

Enfin, la visite ad limina, en plus de comporter la célébration quotidienne des évêques entre eux leur donne aussi l’occasion de concélébrer sur le tombeau de Pierre et dans les principales basiliques majeures de Rome. Ces temps de prière font partie intégrante de la visite et lui donnent tout son sens : tous les évêques portent avec eux le souci de leur Église diocésaine et prient personnellement et entre eux pour que nos Églises soient fidèles à leur mission dans le monde.

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Évêque émérite de Saint-Jean-Longueuil

FÊTE DES MÈRES

C’est au cours du mois de Marie, la Mère par excellence, que nous célébrons la fête des mères. Il est heureux que cette fête soit soulignée en famille, qu’elle nous permette aussi de reconnaître ce que les mères apportent à la société et à l’Église. L’occasion est belle de les remercier et de les assurer de notre prière et de notre affection.

Idéalement, il faudrait peut-être fêter les parents ensemble et non pas père et mère à des moments différents. Mais il arrive que la mère apporte quelque chose d’unique dans l’éducation humaine et chrétienne des enfants. Elles ont aujourd’hui le défi d’assurer cette éducation tout en travaillant à l’extérieur et en ne pouvant pas être aussi présentes à leurs enfants autant qu’elles le voudraient. Cette situation devenue assez courante, engage le père à prendre une part plus grande dans l’éducation des enfants et implique une synergie parentale qui découle de leur amour mutuel et de celui qu’ils donnent à leurs enfants.

La fête des mères rejoint évidemment aussi les grands-mères et parfois les arrière-grands-mères. Elles ont toutes comme patronne, soit Marie, soit la bonne sainte Anne. N’oublions pas non plus que l’Église est notre mère. C’est elle qui nous a engendrée à la vie divine, qui nous a faits enfants de Dieu, grâce au Christ qui s’est fait notre frère et grâce à « l’Esprit qui donne la vie » (Credo de Nicée-Constantinople).

Bonne fête à toutes les mamans du ciel et de la terre!

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville

Image1

VISITE À ROME

Le secrétariat de l’Assemblée des Évêques Catholiques du Québec publiera bientôt le rapport que les évêques du Québec ont présenté au Pape François à l’occasion de leur visite ad limina apostolorum. Ce rapport est d’une qualité remarquable : vous pourrez le lire sur le site de l’AECQ : www.eveques.qc.ca. Il revient aussi à l’AECQ et aux évêques de chaque diocèse de présenter leurs réflexions à la suite de cette visite.  Je ne présenterai donc ici que quelques impressions personnelles.

C’était ma cinquième visite ad limina, cette dernière à titre d’invité. Je dois dire que c’était pour moi la plus intéressante. Elle a été marquée par trois rencontres avec le pape François.

Tout d’abord, une rencontre de trois heures des 29 évêques du Québec avec le Pape François et 7 ou 8 de ses collaborateurs où la plupart des évêques ont pu s’exprimer sur ce qu’ils vivent, sur les défis qui sont les leurs. Le Pape François a écouté. Il n’a pris la parole que dans les quinze dernières minutes. Il s’est révélé être le Pape de l’écoute et de la rencontre, saluant chacun des évêques, au début comme à la fin de la rencontre de même que durant la pause. La deuxième rencontre a été la concélébration avec lui à sa résidence : moment de recueillement et d’une rare intensité, de simplicité et d’accueil de la Parole. Après l’Eucharistie, le Pape François a tenu à saluer chacun des participants et s’est laissé photographier avec chaque personne. Enfin, une troisième rencontre de deux heures, le jeudi 11 mai, le Pape François seul avec les 29 évêques du Québec. Il s’est agi d’un échange, le pape réagissant à chacune des interventions des évêques, avec simplicité et conviction, très fraternellement.

Je dois dire que c’est généralement dans le même esprit que nous avons vécu les rencontres avec les divers organismes du Saint-Siège : écoute des évêques du Québec, reconnaissance de ce que vit l’Église au Québec, encouragement, disponibilité.

J’ajoute enfin, pour ce qui concerne le contenu de la visite, que nous avons trouvé dans ces deux semaines de rencontres un fort appui au programme que les évêques ont lancé l’an dernier et qui se situe dans la ligne de l’Exhortation La joie de l’évangile, à savoir Le tournant missionnaire des communautés chrétiennes. Cette visite à Rome trouvera donc son écho dans les paroisses par un effort renouvelé à nous resituer comme disciples missionnaires dans une Église au cœur du monde. Le Pape François vous assure de sa prière et il compte sur la vôtre.

+Jacques Bertthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville.

L’ASCENSION

Que signifie le mystère de l’Ascension; quelle est son importance dans l’ensemble du mystère pascal? Il faut bien l’avouer, la représentation que nous nous faisons souvent de l’ascension correspond à une envolée physique du corps de Jésus vers le ciel. Les représentations imagées de l’Ascension de même que les textes qui s’y rapporte donnent à croire qu’il en est ainsi. Mais la réalité est différente : l’imagerie populaire cache une réalité beaucoup plus profonde et beaucoup plus en lien avec le mystère pascal et la Pentecôte.

Le Christ ressuscité un corps, mais quel corps? Un corps qui traverse les murs quand Jésus apparaît à ses apôtres réfugiés dans une maison où les portes sont verrouillées. Quand il apparaît ici et là on ne le reconnaît pas tout de suite : il faut que le Ressuscité appelle Marie par son nom pour qu’elle reconnaisse le Rabbouni. Il lui dit alors de ne pas le toucher parce qu’il n’est pas retourné vers son Père. Il y a donc un temps, une quarantaine de jours, de la Résurrection à l’Ascension, où Jésus bien que ressuscité ne manifeste pas sa gloire : sa glorification par le Père est comme voilée pour qu’il puisse achever la formation de ses apôtres, la formation de son Église naissante; pour que ses disciples et son Église puissent accueillir « l’Esprit que le Père enverra en son nom ».

L’Ascension survient au moment où le corps du Christ, son corps spirituel dira saint Paul, sera non seulement glorifié, mais exalté dans la gloire du Père, siégeant alors à la droite du Père, recouvrant avec son humanité, sa pleine autorité divine, sa condition d’avant l’Incarnation, mais enrichie, si l’on peut dire, de l’expérience humaine qu’il a faite, en emportant avec lui son corps, cette fois, spiritualisé.

L’Ascension signifie donc d’abord, que le Fils de Dieu, ayant revêtu l’humanité et siégeant à la droite de Dieu le Père, attire vers lui toute l’humanité, chaque personne humaine. De même que « par son Incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme » (Gaudium et spes,22, §2), de même en retournant vers son Père, il attire à lui toute personne humaine. Or, c’est par son Esprit que nous sommes attirés vers le Ressuscité déjà parvenu au ciel.  Notre réflexion sur l’Esprit de la Pentecôte nous aidera à mieux comprendre que tout le mystère pascal, incluant la Résurrection, l’Ascension et la Pentecôte, nous fait appartenir au monde de Dieu.

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite d’Youville

Image1

JE CROIS EN L'ESPRIT SAINT

L’Ascension marque la fin de la mission terrestre de Jésus. C’est le temps de l’Église qui s’ouvre, mais pas avant que la promesse de Jésus d’envoyer l’Esprit saint se réalise. La fête de la Pentecôte voit se rassembler à Jérusalem une foule de gens de toutes les nations. L’Esprit saint se répand donc à ce moment pour faire naître l’Église universelle.

Le Credo de Nicée-Constantinople nous fait proclamer : Je crois en l’Esprit saint qui est Seigneur et qui donne la vie. Comme le Père et le Fils, il est Seigneur-Dieu, il reçoit même adoration et même gloire. Il est celui qui donne la vie à l’Église, qui lui donne naissance. Si le Christ est la Tête de l’Église, on pourrait dire que l’Esprit en est l’âme. Il lui donne son unité qui est indissociablement l’unité du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Il est Celui qui la maintient dans la vérité, qui est le garant de sa vérité.

Image1Nous avons un bel exemple de la façon dont opère le Saint Esprit dans les anamnèses des prières eucharistiques. Il y a une première anamnèse avant la consécration où le président implore le Père d’envoyer son Esprit sur le pain et le vin afin qu’ils soient transformés au corps et au sang du Christ. Le mot anamnèse pourrait se traduire par « souvenir » ou « mémoire », mais au sens biblique qui est celui de rendre présent, actuel, ce qui s’est passé une seule fois, la veille de sa passion. L’Esprit saint est celui qui rend actuel le sacrifice du Christ. Et c’est ainsi que l’Eucharistie fait l’Église. Il y a une deuxième anamnèse qui suit la consécration. Elle est une prière adressée au Père par le président pour qu’il envoie l’Esprit saint afin de transformer le peuple qui participe à l’Eucharistie en Peuple de Dieu, en Église. Ici encore, l’Eucharistie fait l’Église. Cette transformation se vérifie dans tous les sacrements qui deviennent ainsi la présence agissante de Dieu, une présence diversifiée qui signifie ce qu’apporte chacun des sacrements.

On pourrait dire que l’Esprit est celui qui rend Dieu présent aujourd’huiImage2 en réponse à la prière de son Peuple. Une réflexion sur les dons de l’Esprit et sur les fruits de l’Esprit nous laisse entrevoir combien la prière à l’Esprit ou la prière au Père de nous envoyer l’Esprit est nécessaire. L’Esprit n’est pas seulement celui qui a donné naissance à l’Église, il est Celui par qui une nouvelle vie, une nouvelle vitalité, peut être donnée à l’Église aujourd’hui. Prions-le!

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville.

LE TEMPS « ORDINAIRE »

Dès après le dimanche de la Pentecôte, nous sommes entrés dans le temps liturgique « ordinaire ». Il faut donc considérer que les temps de l’Avent, de la Nativité, du Carême et le temps pascal étaient des temps privilégiés, voire extraordinaires quand on les compare au temps ordinaire. Comment comprendre ce temps « ordinaire »?

Alors que du temps de l’Avent à la Pentecôte, nous célébrons la mission confiée au Christ par le Père, dans le temps ordinaire, nous célébrons la mission confiée à l’Église : nous sommes dans le temps de l’Église. En ce temps de l’Église, la mission divine est passée du Christ à l’Église : « Allez, de toutes les nations, faites des disciples… ».

Pour que cette mission s’accomplisse, il nous faut comprendre que « l’Église, c’est nous », pasteurs et autres fidèles, baptisés et confirmés, ordonnés ou mariés, adultes et enfants, tous unis dans la même foi au même Dieu, dans la même Église.

Image1Si l’Église, c’est bien nous tous, si cette Église prend, en quelque sorte, le relais de la mission confiée au Christ par le Père, il faut comprendre que la vitalité de l’Église dépend aussi de chacun de nous. Être fidèle à son baptême et à sa confirmation, au sacrement de l’Ordre ou à celui du Mariage, c’est nous engager à vivre et à faire vivre l’Évangile dans toute sa portée et dans toutes ses dimensions. La faiblesse de l’Église tient à l’indifférence, à l’absence ou à l’ignorance de ses propres membres. À nous de faire de ce temps liturgique « ordinaire » un temps d’Église extraordinaire.

 

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville

LA RENTRÉE

Avec le mois d’août et les vacances à peine terminées, on annonce déjà la rentrée. C’est d’abord la rentrée scolaire qui est visée, le retour des vacances, la reprise du travail, mais aussi une nouvelle année pastorale. Même s’il n’y a pas vraiment de vacances en Église, l’année pastorale s’ajuste au rythme du monde d’ici quand il s’agit de la rentrée.

Image1Dans notre Unité pastorale, nous aurons l’occasion d’accueillir comme vicaire et prêtre collaborateur, dès le début du mois d’août, le Père Roger MATTON, trinitaire. En service à demi temps, il permettra au Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale de prendre un repos de quelques semaines et de passer à demi temps.

Le Père Roger Matton est membre de l’Ordre de la Sainte Trinité (O.s.s.T.), conseiller provincial et économe provincial de sa congrégation. Il possède déjà une large expérience en paroisse, ayant été curé pendant quatorze ans. Dans notre diocèse, il était répondant du mouvement charismatique. Nous lui souhaitons la plus cordiale bienvenue et nous le remercions de sa disponibilité malgré les tâches importantes qu’il doit assumer dans sa congrégation.

L’équipe pastorale au complet s’est rencontrée le mardi 1er août pour mettre au point le programme pastoral de l’année dans une perspective missionnaire. Vous en serez informés dans les prochains semainiers et sur notre site web (www.upmarguerite.ca).

Grâce à la collaboration du P. Rosaire Lavoie, C.S.V., la chronique hebdomadaire des prochaines semaines portera sur « la présentation générale du missel romain », dont nous attendons toujours la publication française.

Bonne rentrée!

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville

325e ANNIVERSAIRE DE FONDATION DE LA PAROISSE SAINTE-ANNE DE VARENNES

Ce 325e anniversaire de la paroisse, nous le soulignerons à partir de la fête de sainte Marguerite d’Youville, ce 16 octobre 2017 avec la messe solennelle présidée par Mgr Lionel Gendron, et jusqu’à la fête de sainte Anne, le 26 juillet 2018. En fait, la fondation de la paroisse s’est échelonnée sur plus d’une année : la communauté de Varennes a d’abord été une desserte de la paroisse de Boucherville. En 1692, on y a construit une chapelle. À la fin de la même année, un prêtre fut désigné pour être au service de la communauté, mais il n’arriva qu’au début de 1692 et les premiers baptêmes eurent lieu plus tard, la constitution de la Fabrique encore plus tard et la reconnaissance canonique de la paroisse quelques années plus tard, comme nous le signale le volume qui fut édité à l’occasion du 300e anniversaire de la paroisse.

Nous ne sommes pas seuls à célébrer un anniversaire significatif : les paroisses de Chambly, de La Nativité de la Sainte-Vierge à La Prairie, de Sainte-Famille à Boucherville ont déjà célébré leur 350e anniversaire et la paroisse de la Sainte-Trinité de Contrecœur célébrera son 350e anniversaire en 2018. Pourquoi célébrer ces anniversaires? Pour retrouver le dynamisme qui a permis à la paroisse de naître, de se développer, de traverser des moments difficiles et de vivre de grandes joies. Pour redécouvrir que la paroisse n’est vraiment vivante que si elle est missionnaire, témoin, dans le monde concret où nous avons les pieds, des valeurs de l’Évangile. Le Pape François, les Évêques du Québec, notre Évêque, nous recentrent sur la mission; ils invitent chaque paroisse à prendre le tournant missionnaire.

Prendre le tournant missionnaire, c’est ouvrir les portes de notre église pour aller vers les personnes, vers les mouvements, vers les familles, vers les jeunes, pour leur partager la Bonne Nouvelle de Jésus Christ venu apporter la fraternité, la paix, la justice, la bonne entente, l’espérance. Cela veut dire aussi, ouvrir les portes de l’église pour accueillir ses membres, pour qu’ils se ressourcent à la Parole de Dieu, se nourrissent du Pain de Vie, se solidarisent dans la construction d’un monde où l’on dialogue, on se pardonne, on s’aime et on se fait confiance. C’est nous tourner vers l’avenir avec joie et espérance, parce que Dieu est avec nous et que nous souhaitons que son Règne vienne!

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Recteur de la Basilique Sainte-Anne de Varennes
et modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville

EN MÉMOIRE DES FIDÈLES DÉFUNTS

« Faire mémoire » des fidèles défunts évoque les dernières paroles de Jésus à la dernière Cène : « Faites cela en mémoire de moi ». Le mot « mémoire » traduit le mot hébreu qui signifie beaucoup plus que « se souvenir » mais qui veut dire « se rendre présent, être en communion ».  Faire mémoire des défunts, en particulier au cours de l’Eucharistie, c’est donc les rendre présents, être en communion avec eux, à cause de Jésus ressuscité. C’est bien le Christ ressuscité qui se rend présent dans l’Eucharistie et auquel nous communion. C’est à cause de lui et de sa promesse que nous sommes aussi en communion avec ceux et celles qui sont auprès de lui.

La mémoire des fidèles défunts nous amène à approfondir le mystère de la Résurrection. En Jésus, mort et résurrection sont intimement liées. La mort introduit Jésus dans le Royaume. Ressuscité, il attire vers Lui tous ceux et celles qui croient en lui. La résurrection n’est donc pas un retour à la situation d’avant la mort (ce ne serait qu’une réanimation) mais l’entrée dans une nouvelle vie, la vie dans le Royaume de Dieu achevé, l’entrée dans la vie éternelle commencée au Baptême qui était justement une plongée dans la mort et la résurrection du Christ.

Faire mémoire des fidèles défunts, c’est prier pour eux et avec eux, c’est espérer et croire qu’ils sont entrés dans la vie de Dieu et qu’ils ressusciteront pour être toujours avec Lui.

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville
Image1

L’ADORATION

L’adoration du Très Saint Sacrement a repris une meilleure place au cours des dernières années, au moins dans les églises qui demeurent ouvertes en dehors des heures des messes. Les jeunes ont découvert l’adoration aux Journées mondiales de la jeunesse et aux Congrès eucharistiques internationaux; les moins jeunes, peut-être pour trouver un lieu de silence et de paix.

Il y a plusieurs années, la Conférence des évêques catholiques du Canada avait publié quatre numéros du Bulletin national de liturgie (1982, nos 84-85-86-87) sur Le culte eucharistique en dehors de la messe. La revue n’existant plus, ces articles ont été réunis en un seul volume et réimprimés sous le même titre en 2007. Il est bon de s’y référer, aussi bien pour les rituels qu’il contient que pour les notes pastorales qui resituent l’adoration par rapport à la célébration eucharistique.

« La célébration de l’Eucharistie dans le sacrifice de la messe est vraiment la source et le but du culte qui lui est rendu en dehors de la messe. Et si l’on conserve l’Eucharistie en dehors de la messe, c’est en premier lieu et dès l’origine pour administrer le viatique. En second lieu, c’est pour distribuer la communion aux malades et pour adorer notre Seigneur Jésus Christ présent dans le Sacrement. C’est donc la conservation des saintes espèces pour les malades qui a amené la coutume d’adorer le Pain du ciel conservé dans les églises. Ce culte d’adoration repose sur un motif solide et ferme, surtout parce que la foi en la présence réelle du Seigneur conduit par sa nature même à la manifestation extérieure et publique de cette foi. » (p. 9 et 10)

L’adoration eucharistique peut donc se faire dès lors qu’il y a des hosties consacrées dans le tabernacle, et d’abord par la vénération que représentent la génuflexion ou l’inclination profonde de même qu’un silence respectueux. L’adoration peut aussi se faire par l’exposition du Très Saint Sacrement, soit en exposant le ciboire sur l’autel, soit dans le rite de la Bénédiction du Saint-Sacrement, en utilisant l’ostensoir. Les rituels et notes pastorales concernant l’exposition du Saint Sacrement sont fournies dans le volume « Culte eucharistique en dehors de la messe ».

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville

JOURNÉE MONDIALE DES PAUVRES

En décrétant, à la fin du jubilé de la miséricorde, que le 33e dimanche du temps liturgique ordinaire serait la journée mondiale des pauvres, le pape François voulait que nous exercions la miséricorde envers les pauvres, envers les miséreux de toutes sortes et que nous préparions ainsi la fête du dimanche suivant, le Christ, Roi de l’univers.

Le pape François a certainement une vision exhaustive de la pauvreté à travers le monde et non seulement de la pauvreté matérielle qui afflige des continents, des pays ou des groupes de personnes, mais aussi de toutes les autres formes de pauvreté – qui sont souvent liées entre elles – qu’elle soit intellectuelle, spirituelle, mentale, psychologique ou sociale. Ce dimanche nous donne l’occasion d’ouvrir les yeux sur toutes ces formes de pauvreté et nous provoque à agir, ne serait-ce qu’en  découvrant ces personnes, en priant pour elles, en les reconnaissant.

Pour ouvrir les yeux sur la pauvreté qui touche des pays entiers, la une des journaux ou le menu du bulletin de nouvelles de la télé ne suffisent pas. Il arrive que certaines émissions spéciales nous renseignent, mais le plus souvent, il nous faut faire une recherche, aller sur les sites de Caritas international, de Développement et Paix, d’ATD quart-monde pour nous laisser interroger par les situations de misère à n’en plus finir de ces pays ou de ces populations. Ces mouvements nous aident à intervenir, à agir, à interroger nos dirigeants et les dirigeants des pays en cause pour que les choses changent.

Il est peut-être plus difficile d’ouvrir les yeux sur les pauvretés qui sont plus proches de nous. Pauvretés matérielles d’abord, celles par exemple des personnes qui perdent leur emploi à un âge avancé et ne peuvent plus trouver un nouvel emploi; celles des retraités qui ne profitent pas d’un régime de retraite; celles des jeunes qui abandonnent leurs études trop tôt et ne trouvent pas un emploi et une situation de vie prometteuse.

Et puis, il y a toutes les autres formes de pauvreté comme la maladie, le vide spirituel, l’isolement. Je me permets de souligner une de ces pauvretés qui nous touche de plus en plus fort : les nouvelles générations de jeunes tout au plus baptisés et le plus souvent non évangélisés. Un pourcentage infime d’entre eux acquiert une formation chrétienne ou participe aux catéchèses offertes en paroisse. La plus grande pauvreté est de vivre sans Dieu, sans perspective sur l’au-delà, sans projet de vie qui dépasse les intérêts immédiats.

Face à toutes ces pauvretés, les évêques du Québec, en communion avec le pape François, invitent prêtres, agentes et agents de pastorale, bénévoles et parents à opérer une conversion missionnaire : « Allez, de toutes les nations faites des disciples… leur enseignent à garder ce que je vous ai prescrit ».(Mt 28, 19) et d’abord ici et maintenant.

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville

VEILLEZ

Image1Le temps de l’Avent nous est donné pour vivre, en moins de quatre semaines, ce que nous sommes appelés à vivre durant toute notre vie : veiller, être attentif à la venue du Messie, du Fils de Dieu le Père; chercher à le rencontrer quand il vient, quand il s’offre à nous; le découvrir sous des apparences qui peuvent nous égarer : un enfant naissant, une crèche, un condamné à mort, un pauvre, un affamé, un malade, un itinérant. Veiller, se tenir éveillé pour ne pas le manquer, pour pouvoir le rencontrer.

Veiller, car tout ce que nous faisons ou ne faisons pas à l’une ou l’autre de ces personnes qui cachent la personne même du Christ, c’est à Lui que nous le faisons ou ne le faisons pas. Or, pour le rencontrer, il faut non seulement veiller, ouvrir les yeux, discerner, reconnaître, mais veiller à le rechercher et à le rencontrer chez ceux avec qui il s’est solidarisé et dont l’Évangile de la messe du Christ Roi de l’univers nous  a parlé : les affamés, nus, étrangers, malades, prisonniers…

Veiller comme des sentinelles dont le regard cherche à discerner au loin la venue de quelqu’un que nous attendons et recherchons. Veiller comme des bons samaritains prêts à se pencher sur toute personne blessée par la vie en y reconnaissant le Christ Jésus qui vient nous sauver. Car le salut est dans la rencontre avec le Christ Jésus non seulement dans la prière et les signes sacramentels qu’il nous a laissés, mais dans les personnes auxquelles ces signes renvoient : les personnes humaines en quête d’amour, de fraternité, de miséricorde : elles sont tout proches de nous.

L’Avent nous est donné comme une attente et une recherche de tous les jours pour que Noël aussi se vive tous les jours!

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite d’Youville

LE JOUR DE DIEU

Dans la deuxième lettre de saint Pierre apôtre, que nous propose la liturgie du deuxième dimanche de l’Avent, il est question du jour de Dieu, du temps de Dieu. Ce jour où ce temps de Dieu est différent du nôtre, car pour Dieu « un seul jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un seul jour ». Le jour de Dieu est celui de son Royaume. Ce jour est venu, il vient, il viendra. Ce jour vient pour les personnes, les communautés, le monde. Pour nous, il a un commencement et une fin, mais quand il sera pleinement manifesté, dans l’éternité, nous serons aussi hors du temps et de l’espace. Nous sera alors donné le « temps » de Dieu. En attendant, nous cherchons à ajuster notre montre à l’heure de Dieu. La liturgie nous le permet.

Image1Cet ajustement à l’heure de Dieu, Jean Baptiste nous y convie par un baptême de conversion. Nous convertir, c’est nous tourner vers Dieu qui vient. Il vient nous enseigner le langage du Père, la pensée du Père, son projet. Jean Baptiste baptisait avec  de l’eau : « Lui, celui qui vient, vous baptisera dans l’Esprit Saint ». Il nous indique par là que la conversion nous conduit au vrai baptême, à la vie baptismale.

Le baptême que nous avons reçu est plus qu’un rite passager : il nous fait entrer dans la vie des enfants de Dieu, dans la communauté chrétienne. Nous ne sommes pas seuls à accueillir Dieu qui vient. C’est toute la communauté chrétienne qui l’accueille et nous permet de nous accueillir les uns les autres. Or, ce baptême est celui qui fait vivre la mort et la résurrection du Christ Jésus. Il est complété par la confirmation, le don de l’Esprit, et la communion au corps et au sang du Christ. L’Eucharistie est donc le lieu par excellence de l’actualisation de notre baptême. Le baptême fait de nous des ressuscités avec le Christ, des vivants de la vie de Dieu.

Tout cela est devenu possible parce que Dieu s’est fait homme, parce qu’il a pris chair de la Vierge Marie. Voilà un grand mystère impossible à saisir dans le temps qui est le nôtre. Nous pouvons cependant l’approfondir ce mystère grâce au temps de l’Avent qui nous fait entrer un peu dans le temps de Dieu.

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville

LA JOIE

L’oraison de la messe du troisième dimanche de l’Avent nous fait adresser à Dieu le Père cette prière : « Dirige notre joie vers la joie d’un si grand mystère ». C’est la même joie qui nous permettra de nous souhaiter « Joyeux Noël! ».  De quelle joie s’agit-il?

Image1Nous parlons de la joie de Marie, dans son Magnificat; « Mon esprit tressaille de joie en Dieu mon sauveur » (Lc 1,47, inspiré de Is 61,10).

Nous parlons de la joie de Jésus quand son Père révèle son projet aux plus petits : « Jésus exulta de joie sous l’action de l’Esprit » (Lc 10, 21s).

Nous parlons aussi de la joie que saint Paul définit comme fruit de l’Esprit : « Le fruit de l’Esprit est charité, JOIE, paix… » (Ga 5,22).

La joie que nous célébrons en ce troisième dimanche de l’Avent est donc celle de Marie, de Jésus, des Apôtres (y inclus saint Paul), une joie toute intérieure, mais une joie partagée, dans l’attente active de la venue du Fils de Dieu. Cette joie, fruit de l’Esprit, est aussi le fruit de la rencontre avec celui qui vient. Celui qui vient; telle est la révélation du prologue de l’Évangile de Jean : « Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu… Le Verbe était la lumière véritable qui éclaire tout homme; il venait dans le monde (…) Il est venu chez lui. » (Jn 1,1-15). Les derniers versets du livre de l’Apocalypse (Révélation) sont plein de sens en ce temps de l’Avent : « Oui, je viens bientôt.  Amen, viens Seigneur Jésus ».

Le Seigneur Jésus naît en notre monde pour tous les âges à venir jusqu’à la venue définitive de son Royaume, à la fin de notre temps, là où la joie de l’amour régnera.

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville

Image2

LE PREMIER DIMANCHE DE L'ANNÉE 2018

En ce premier dimanche de l’an 2018, nous célébrons l’Épiphanie du Seigneur, c’est-à-dire sa manifestation, non seulement aux bergers et aux proches de la famille, mais aussi aux nations symboliquement représentées par des astrologues venus d’Orient. L’Épiphanie est comme le déploiement de la fête de l’Incarnation ou de la naissance de Jésus. La fête de l’Épiphanie vient nous dire que Dieu s’est incarné en Jésus de Nazareth pour le salut de tous et pour tous les temps. « Ce mystère, dit saint Paul dans l’épître de la messe de ce dimanche, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile. »(Ep 3, 6)

Image1Mais, toutes les nations ne sont pas encore associées au même héritage, l’annonce de l’Évangile n’a pas encore rejoint toute l’humanité. C’est pourquoi, l’Église est essentiellement missionnaire. Le pape Paul VI le disait déjà : la mission de l’Église est d’évangéliser. Or, des nations entières ne connaissent pas encore Dieu qui s’est fait homme en Jésus de Nazareth, né de la Vierge Marie, qui a vécu, a souffert, est mort et ressuscité pour notre salut à tous. L’Épiphanie nous dit non seulement que cette annonce a commencé à la naissance de Jésus, mais qu’elle se poursuit et qu’elle constitue la mission de l’Église.

Il y a plus et pire! L’histoire de l’Église ne se poursuit pas toujours en ligne droite et ascendante. Des régions de vieille chrétienté voient parfois leurs communautés chrétiennes se dissoudre ou disparaître, que ce soit par les persécutions ou par la perte de la foi de leurs membres. Pas besoin d’aller bien loin. Il suffit de lire, dans le présent Semainier paroissial, les statistiques concernant la participation des jeunes à la catéchèse.

Il y a une sérieuse régression dans la transmission de la foi. On ne peut envisager un avenir heureux pour notre Église sans une conversion missionnaire. Les parents, parrains et marraines s’engagent à éduquer leurs enfants dans la foi au moment du baptême. Ils s’engagent à cette mission. Et cela suppose des choix, du courage et de la solidarité. C’est à cela que nous engage l’Épiphanie.

L’Épiphanie n’est donc pas seulement le rappel d’une belle histoire passée, magnifiquement illustrée dans nos crèches et nos cartes de Noël, mais l’appel à une mission, à un engagement,  au courage de manifester sa foi et de la partager.

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite d’Youville

ENTENDRE - COMPRENDRE - DISCENER

Dans la première lecture de la liturgie de ce dimanche, nous lisons le récit du jeune Samuel qui entend quelqu’un qui l’appelle trois fois de suite. À chaque appel, il se rend auprès du prophète Éli en lui disant : Tu m’as appelé? Mais le prophète ne l’a pas appelé et le renvoie se coucher. La troisième fois, Éli comprend que c’est le Seigneur qui l’appelle et il dit à Samuel : « Va te recoucher, et s’il t’appelle, tu diras : Parle, Seigneur, ton serviteur écoute. »

Ce bref passage de l’Écriture nous fournit comme un prototype de toute vocation, de tout appel du Seigneur. Il faut entendre d’abord, mais cela ne suffit pas. Il faut comprendre l’appel, y discerner l’appel de Dieu. Et le plus souvent, c’est avec l’aide de quelqu’un d’autre que nous pouvons discerner qu’il s’agit d’un appel de Dieu.

N’allons pas imaginer que ces appels sont exceptionnels. Dieu appelle constamment, mais il faut entendre, comprendre et discerner cet appel comme un appel de Dieu. Cet appel ou vocation s’entend d’abord de l’appel à la vie chrétienne. Il est un appel à discerner la voix de Dieu et à suivre cet appel. Baptisés peu de temps après notre naissance, nous n’avons pas pu entendre, comprendre et discerner cet appel. Nos parents l’on fait pour nous; mais il faut que nous fassions cette démarche un peu plus tard. C’est ce que nous faisons dans la démarche d’initiation chrétienne ou au cours du catéchuménat. Il ne suffit pas d’être baptisé pour être vraiment chrétien. Il faut suivre un long chemin d’apprentissage de la foi donnée et de connaissance du Christ Jésus et de son Évangile. La vitalité de la famille chrétienne et celle de la vitalité de la communauté chrétienne en dépendent.

Le bonheur des époux, de la famille, de la communauté dépendent largement de l’effort que chaque personne mettra à saisir que Dieu les appelle. Encore faut-il entendre, comprendre cet appel et y discerner la voix de Dieu.

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville.

UN DIACRE POUR NOTRE UNITÉ PASTORALE

Il y a peu de diacres permanents dans notre diocèse : deux sont anglophones; deux francophones dont un appartient officiellement au diocèse de Gaspé. Nous en aurons bientôt un cinquième, en la personne de Monsieur Gilles Deslauriers, de la paroisse Sainte-Trinité de Contrecœur. Notre évêque lui donne le mandat de servir dans l’Unité  pastorale Sainte-Marguerite d’Youville.

Nous connaissons le diaconat qui est une étape en vue du presbytérat; nous connaissons moins le diaconat permanent. Peut-être faut-il rappeler que le sacrement de l’ordre comprendre trois expressions : le diaconat, le presbytérat et l’épiscopat. Les responsabilités et l’étendue des fonctions sont différentes dans chacune des modalités du sacrement de l’ordre, mais toutes sont des participations à l’unique sacerdoce du Christ-prêtre.

Dans le diaconat, l’accent est mis sur le service : service de la Parole, service de la Liturgie, service de la charité. On peut dire aussi que chaque diocèse peut mettre l’accent sur l’un ou l’autre des aspects du service diaconal. On peut dire qu’au Québec les évêques ont privilégié le service de la charité, sans exclure les deux autres dimensions. Il en va de même dans notre diocèse, compte tenu de la large place qui a été faite aux personnes laïques dans la formation catéchétique, autrefois à l’école, maintenant en paroisse.

Le diaconat suppose une intense préparation théologique et pastorale qui dure plusieurs années. Il ne faut donc pas s’étonner qu’il y ait peu de diacres permanents dans notre diocèse. Mais, le fait qu’il y en ait quelques-uns rend présentes toutes les formes du sacrement de l’ordre et donne une image plus complète de l’Église. Il en est du diaconat comme de la vie religieuse. L’image de l’Église ne serait pas complète sans leur présence.

Plus concrètement, et sans anticiper sur le mandat que lui donnera notre évêque, nous pouvons dire que notre nouveau diacre œuvra dans un domaine dont nous avons souvent souligné la fragilité : celui de l’accompagnement des parents avant et après les sacrements du baptême et du mariage. Ce sera une manière d’assurer une meilleure pastorale familiale et de fournir une assise à une pastorale jeunesse.

Nous assurons notre prochain diacre de notre prière et de notre appui. Il sera ordonné le dimanche 28 janvier prochain à 14 h 30, en la basilique Sainte-Anne de Varennes, par Monseigneur Lionel Gendron. Vous y êtes tous invités.

+Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisse de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville.

350e ANNIVERSAIRE DE LA PAROISSE SAINTE-TRINITÉ DE CONTRECŒUR

À la suite de Québec (1608) et de Montréal (1642), plusieurs paroisses de notre diocèse célébraient, ces années-ci, un anniversaire de fondation important. Il en fut ainsi de Saint-Joseph de Chambly (350e), de Sainte-Famille de Boucherville, de La Nativité de la Sainte-Vierge à La Prairie. Et alors que se poursuit en 2018 le 325e anniversaire de fondation de la paroisse Sainte-Anne de Varennes, nous soulignons avec fierté le 350e de fondation de la paroisse Sainte-Trinité de Contrecœur.

Le Code de droit canonique n’existait pas au 17e siècle et les actes administratifs n’étaient pas aussi précis et rigoureux qu’aujourd’hui de sorte que nous n’avons pas toujours la date exacte de la fondation. Le plus souvent, la nomination par l’évêque d’un prêtre permanent en un lieu donné signifiait la fondation d’une paroisse. C’est ainsi que nous retenons que la paroisse Sainte-Trinité de Contrecœur fut fondée en 1668. Comme en plusieurs autres lieux à cette époque, c’est au tour de l’église que s’est développée la communauté civile et chrétienne, suivant en cela les volontés du roi Louis XIV.

Pourquoi et comment célébrer le 350e anniversaire de fondation de la paroisse Sainte-Trinité? En rendant grâce pour le passé, en considérant le présent avec courage et en espérant avec force un avenir conforme à la force de l’Évangile.

Il faut certainement rendre grâce pour le développement de tant de familles chrétiennes qui ont formé la communauté chrétienne de Sainte-Trinité; pour les vocations sacerdotales et religieuses que les familles et la paroisse ont données à l’Église; pour le dévouement de tant de prêtres, de marguilliers et marguillières, de membres de la chorale des sacristains et sacristines, de tous ceux et celles qui ont contribué à la liturgie et à la  vie de la paroisse. Pensons à l’accueil qui fut fait aux bénéficiaires des Grèves, aux différents mouvements qui ont rassemblé les paroissiens et qui servent encore aujourd’hui.

Bien sûr, la paroisse d’aujourd’hui n’a plus la même influence et n’a plus les mêmes moyens d’intervention qu’il y a à peine un demi siècle. Nous vivons dans une société sécularisée et la présence de Dieu n’est plus ni affirmée ni signifiée avec autant de foi. Nous sommes dans une période de transition où nous n’avons plus les mêmes moyens pour nourrir et entretenir notre foi et l’affirmer. C’est en ce sens que nous affirmons que nous sommes une Église missionnaire qui repose sur la responsabilité de tous les baptisés. Le présent requiert que nous ayons le courage de vivre et de transmettre notre foi commune.

Nous célébrons ces 350 ans de la paroisse parce que nous croyons en son avenir, quelle que soit le forme que pourra prendre cet avenir. Croire en l’avenir, c’est espérer. C’est reconnaître que notre Église est l’Église de Dieu et que Dieu n’abandonne jamais son Peuple. Ce 350e est ainsi un appel à tous les baptisés à retrouver les sources de leur être et de leur appartenance.

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville

JOURNÉE MONDIALE DES MALADES ET FÊTE DE NOTRE-DAME-DE-LOURDES

Ce n’est pas par hasard que le Pape Jean-Paul II, en 1992, a institué « la journée mondiale des malades » le 11 février, jour de la fête de Notre-Dame de Lourdes. Il y a un lien entre la prière à Marie et la guérison ou le réconfort des malades. Et la fête elle-même de Notre-Dame de Lourdes de même que son dialogue avec Bernadette de Soubirous nous indiquent la source de ce lien entre Marie et les malades.

Bien sûr, Lourdes est reconnue comme un lieu où des centaines et des centaines de personnes ont été guéries de leur maladies physiques, où de nombreux miracles se sont accomplies, mais aussi où des guérisons d’ordre spirituel ont été accomplies. Et c’est peut-être le lien le plus important à souligner entre Notre-Dame de Lourdes et la journée mondiale des malades.

Dans les premières rencontres de Notre-Dame avec Bernadette de Soubirous, la Vierge se présente comme l’Immaculée Conception. Et son message est assez simple : prier pour les pécheurs. Il n’est pas question de malades, mais de la source de toute maladie et de la mort, à savoir le péché. En cela, nous reconnaissons le message transmis par l’évangéliste Marc au cours des premières semaines du temps ordinaire : la bonne nouvelle que Jésus annonce et accomplit, c’est la délivrance du mal et la guérison des malades. C’est aussi ce qu’il demande aux apôtres en les envoyant parcourir villes et villages : chassez les démons, le mal, guérissez les malades et annoncez que la Bonne Nouvelle est arrivée chez eux.

En instituant la journée mondiale des malades, le saint pape Jean-Paul II, appelait le monde à plus d’humanité, à annoncer et à accomplir une Bonne Nouvelle. Mais en même temps, il annonçait que le projet de Dieu était la délivrance du mal sous tous ses formes, ce que nous trouvons à la fois dans le Notre Père, « pardonnez-nous nos offenses…délivrez-nous du mal », et dans le Je vous salue, Marie, « Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pécheur, maintenant et à l’heure de notre mort. AMEN ».

+ Jacques Berthelet, C.S.V.,
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Saint-Marguerite d’Youville

P.S.
Cette année, le 11 février étant un dimanche, la mémoire de Notre-Dame de Lourdes ne peut être célébrée. Mais la Journée mondiale des malades est toujours soulignée et rien n’empêche de prier Notre-Dame de Lourdes.

LE CARÊME PEUT-IL APPORTER LA PAIX?

En demandant que le vendredi 23 février prochain soit un jour de jeûne et de prière pour la paix, le pape François nous indique le sens qu’il donne au carême de cette année. C’est d’ailleurs dans le même sens que Développement et Paix propose que nous nous engagions pour la paix.

La consigne est donnée dans l’évangile du mercredi des Cendres : jeûne, prière et aumône. Comment prendre cela au sérieux.

Le jeûne. L’évangile du mercredi des cendres nous recommande de jeûner sans que cela ne paraisse et ne soit connu que de Dieu seul. « Le Père te le rendra », dit Jésus. Jeûner, c’est bien sûr se priver de quelque chose, mais pas seulement se priver : se priver de nourriture en pensant aux milliers de personnes qui meurent de faim chaque jour; se priver d’internet, de télé pour être davantage présent aux personnes, surtout les personnes seules, isolées, mal aimées ou malades. Jeûner c’est se détourner de soi, de ses propres besoins pour être plus proche de ceux qui ont davantage besoin que nous. Isaïe nous révèle le jeûne que Dieu aime : « faire tomber les chaînes injustes (des personnes peuvent être enchaînées par nos médisances, nos calomnies, par les rumeurs que nous semons); partager ton pain avec celui qui a faim, accueillir l’autre, ne pas te dérober à ton semblable » (Is 58,6-7). Jeûner ainsi aide à construite la paix en nous, entre nous, autour de nous. Dieu fera le reste.

L’aumône. Nous pensons instantanément à l’aumône en argent. Nous sommes sans doute très sollicités. Nous pouvons faire des choix. L’important est de donner de façon désintéressée, joyeusement. Si c’est en personne, en regardant la personne et lui souhaitant bonne chance ou simplement bonjour. Donner de son temps, de ses talents bénévolement est aussi nécessaire. Le bénévolat construit la paix lorsqu’il est accompli de façon totalement désintéressée sans vouloir contrôler le domaine où il s’exerce.

La prière. Quand Jésus parle de prière dans l’évangile du mercredi des cendres, il ne pense pas en termes de formules, de célébration, quelles que soient leurs valeurs. Il semble vouloir parler simplement de se tenir en présence de Dieu et à l’adorer dans le silence de notre cœur. Faire cela, chaque jour, prendre le temps de se mettre en présence de Dieu, procure la paix intérieure et cette paix est communicative. Elle est un fruit de l’Esprit qui agit en nous et nous donne la paix du Christ.

Nous avons besoin du carême pour nous resituer devant Dieu, pour nous laisser transformer, convertir, par Lui. Nous avons sans cesse besoin de nous réconcilier avec nous-mêmes, avec les autres et avec Dieu. Le carême nous est donné pour cela. Pour que nous vivions de la vie du Ressuscité, celui, dont les premières paroles, le soir de sa résurrection, sont tout simplement : « La paix soit avec vous ».

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville

DIMANCHE DE LA PAROLE ET VÊPRES

Ce qu’on appelait autrefois le « Bréviaire » et qui était le plus souvent réservé aux clercs, aux moines et aux moniales, le deuxième concile du Vatican le désigne comme LA PRIÈRE DES HEURES de tout le Peuple de Dieu. Dans cette liturgie des heures, « la première place a été donnée aux Laudes et aux Vêpres qui sont au centre de tout l’Office et qui apparaissent comme les vraies prières du matin et du soir » (Paul VI, Constitution apostolique promulguant l’Office divin, nov. 1970).

Il y a malheureusement peu de paroisses qui offrent aux paroissiens et paroissiennes la possibilité de participer à la prière des heures de tout le Peuple de Dieu, notamment aux Laudes ou aux Vêpres. Il faut pouvoir se rendre dans une église ou une chapelle tenue par des religieux ou des religieuses ou encore dans un monastère. Ces prières sont pourtant la prière du peuple de Dieu tout entier. Quelques paroisses avaient pris l’habitude de célébrer les Vêpres avec la participation des fidèles, mais, à ma connaissance, cette initiative ne s’est pas poursuivie.

En profitant du 325e anniversaire de fondation de la paroisse Sainte-Anne de Varennes, et surtout pour souligner le DIMANCHE DE LA PAROLE voulu par le pape François en ce deuxième dimanche du carême, nous offrons en ce dimanche la possibilité de cette belle prière des Vêpres, comme un lieu d’harmonie et de repos, de paix et de présence divine.

Peut-être cette initiative suscitera-t-elle le goût d’en faire un projet pour l’une ou l’autre des paroisses de notre Unité pastorale? Ce serait comme « le complément nécessaire de tout le culte exprimé dans le sacrifice eucharistique, pour imprégner toutes les heures de la vie » de toute le peuple de Dieu (Paul VI, ibid.). Il nous est toujours permis de rêver! Il suffit parfois d’une étincelle pour qu’un feu s’allume!

+ Jacques Berthelet, C.S.V.,
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville

CONSEIL D'ORIENTATION PASTORALE

C’est le deuxième concile du Vatican qui a lancé l’idée d’un conseil diocésain de pastorale. Ce conseil est obligatoire et il existe dans notre diocèse. Mais par la suite, il a été fortement recommandé qu’il y ait un conseil paroissial de pastorale. Ce conseil a été promu dans notre diocèse pour que chaque paroisse ou chaque unité pastorale se donne un projet d’évangélisation et le mette en pratique. Ces conseils ont existé dans l’une ou l’autre de nos paroisses, mais ils n’ont pas duré. Pourtant le Code de droit canonique (canon 536) leur donne une valeur législative et nous fournit des informations sur son rôle, sa composition, son importance, tout comme il le fait pour le conseil des affaires économiques (assemblée de fabrique qui, elle, est obligatoire, mais poursuit des objectifs différents). Quant au projet d’évangélisation de notre Unité pastorale, il existe toujours, mais il n’a pas été mis à jour en y intégrant les priorités diocésaines (par exemple, la dimension missionnaire de la paroisse, les changements apportés à la catéchèse, le souci de la famille, etc.).

Nous prenons conscience aujourd’hui de cette absence du conseil de pastorale qui permettrait de mieux prendre en compte ce que pensent les paroissiens, leurs attentes, leurs besoins. Voilà pourquoi l’équipe pastorale de l’Unité pastorale est en train de se donner les moyens de ressusciter le conseil d’orientation pastorale.

Comme cela est affirmé dans le communiqué officiel no 19 du 26 septembre 2010, « le Conseil d’orientation pastorale a une responsabilité propre qui se situe dans la ligne du discernement, du conseil et d’un leadership de pensée, de communication et de perspective ». Il lui revient d’élaborer et de mettre à jour le projet d’évangélisation de la paroisse ou de l’unité pastorale. Ce conseil permet de mieux connaître la pensée et la situation des paroissiens, leurs besoins et leurs attentes.

À ce stade-ci, nous pensons que nous pourrions avoir trois conseils : un pour la paroisse Sainte-Anne, un pour les deux paroisses de Contrecœur et un autre pour les paroisses Saint-François-Xavier et Sainte-Théodosie. Chacun de ces trois conseils serait animé par un membre de l’équipe pastorale, le seul membre présent, et ne comprendrait pas de marguillier. Il serait composé de membres capables d’apporter quelque chose de positif en vue de l’activité pastorale des paroisses et de l’Unité pastorale. On peut penser que ces trois conseils se réuniraient mensuellement, et les trois ensemble, une fois ou deux par année avec le curé et les membres de l’équipe de coordination. Ces conseils devraient comprendre des membres des diverses générations, des représentants des mouvements, des personnes de la base en contact avec la population, des gens intéressés à construire l’Église. Vous peut-être?

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite d’Youville

CARÊME DE PARTAGE

En ce cinquième dimanche du Carême, l’organisme Développement et paix sollicite votre générosité. Cet organisme canadien a été fondé par les évêques du Canada après un synode des évêques portant sur la justice sociale en 1971.

Image1Il a justement pour mission de donner une formation, ici et dans les pays dans le besoin, sur la justice, le développement et la paix. Il le fait en sensibilisant les fidèles du pays et en soutenant financièrement et par un personnel approprié différents projets dans le domaine de l’agriculture, de l’éducation, de la défense des droits humains, de la justice sociale et de la paix.

Cette année, la campagne de financement, en plus d’assurer le fonctionnement de l’organisme, vise à soutenir la construction de la paix au Cambodge, au Liban, au Nigeria et au Pérou. Les interventions de Développement et paix ne s’arrêtent pas là : l’organisme est toujours le premier à répondre à des appels d’urgence comme ce fut le cas lors du tremblement de terre en Haïti ou du tsunami en Asie.

Ensemble pour la paix! Tel est le thème adopté par l’organisme pour le présent carême. En plus de nous sensibiliser à cette problématique de la paix, nous sommes fortement invités à faire un généreux don – notre don du carême – comme contribution en vue de la paix.

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville

PÂQUES

La fête de Pâques est, à n’en plus douter, la fête la plus importante de l’année liturgique. Quelques signes de cela : on ne parle plus des dimanches « après » Pâques, mais du deuxième, troisième, etc., dimanche « de » Pâques : c’est comme si on célébrait Pâques d’abord pendant toute l’octave de Pâques et tous les dimanches suivants jusqu’à la Pentecôte. Chaque dimanche de l’année est d’ailleurs proposé comme une fête de Pâques.

Pourquoi cette importance accordée à la fête de Pâques? Parce que Pâques est le mystère central de l’Église, tout comme il a constitué le moment le plus important de la vie de Jésus, ce qu’il appelle lui-même son « heure » dans l’évangile de Jean. C’est pour cette « heure » qu’il est venu parmi nous et c’est par sa mort-résurrection qu’il sauve l’humanité et lui permet d’entrer en communion avec Dieu.

Ce mystère pascal accompagne les chrétiens dans toute leur vie sacramentelle. Par le baptême, ils passent par la mort et la résurrection du Christ, ils deviennent membres du Christ et de l’Église. Par la confirmation, ils reçoivent l’Esprit du Christ ressuscité et du Père; ils entrent dans cette relation d’amour entre le Père et le Fils grâce à l’Esprit Saint qui est l’amour unissant le Père et le Fils. Par l’Eucharistie, ils communient au Corps du Christ ressuscité. Par le sacrement de l’Ordre, ils reçoivent la mission d’agir au nom et en la personne du Christ mort et ressuscité, de poser les gestes mêmes du Christ dans les sacrements et de prononcer ses Paroles. Dans le sacrement du pardon, ils répondent à la mission confiée aux apôtres le soir même de la résurrection de pardonner les  péchés. Par le sacrement du mariage, les époux se voient confier le soin d’être l’image et les témoins de l’amour de Dieu pour son Peuple et de l’amour du Christ pour son Église, ce qui prend sa source dans l’amour infini par lequel Jésus a donné sa vie et est ressuscité pour notre salut. Par les sacrements des malades, le chrétien reçoit le réconfort dont il a besoin en s’identifiant au Christ souffrant mourant pour le salut du monde. Les sacrements, ou mieux la vie sacramentelle, viennent ainsi marquer les moments importants de la vie humaine du sceau de la mort et de la résurrection du Christ.

Enfin, c’est dans la résurrection que notre foi trouve son assise fondamentale. Saint Paul ira jusqu’à dire que « si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine ». En d’autres mots, c’est grâce à la résurrection que nous entrons en communion avec Dieu, donc que nous sommes sauvés, et que nous nous préparons à la vie éternelle de communion avec Dieu.  JOYEUX TEMPS PASCAL !

+ Jacques Berthelet, C.S.V.
Modérateur des paroisses de l’Unité pastorale Sainte-Marguerite-d’Youville